La torture en Algérie (1991-2001)

La torture en Algérie

(1991 – 2001)

Me Mahmoud Khelili, algeria-watch, octobre 2001

Introduction

Si la torture a pu vaincre par des procédés ignobles, les corps, elle n’a jamais pu vaincre les âmes ni encore moins, arrêter le cours de l’Histoire. Cette illustre leçon que nous a enseignée cette dernière n’a jamais pu être ni comprise ni apprise par les dictateurs ignares d’une manière générale et les nôtres d’une manière particulière. La torture, cet acte abjecte et dégradant touchant à la dignité humaine a été pratiquée de manière courante par ceux qui avaient décidé dès le 3 juillet 1962, de confisquer l’indépendance d’un pays et les libertés d’un peuple né libre.
Depuis, les techniques se sont développées et les lieux se sont étendus. Les opposants politiques des années 70 connaîtront le centre de torture de Bouzaréah et ses labyrinthes truffés de miroirs. Des centaines de jeunes algériens, des adolescents dans la majeure partie des cas, victimes du drame du 5 octobre 1988, connaîtront quant eux la caserne de parachutistes de Sidi Fredj où des officiers supérieurs et un wali (préfet) supervisaient les supplices.
A partir du 11 janvier 1992, les algériens connaîtront à une très grande échelle cette odieuse pratique dans pratiquement tous les lieux de détention. Certains y laisseront la vie, beaucoup garderont des séquelles physiques et psychologiques indélébiles. Personne n’y échappera, ni même l’enfant, la femme ou le vieillard. Cette pratique institutionnalisée par le régime et exécutée par des tortionnaires psychopathes avait plusieurs buts : extorquer des aveux, punir et terroriser.

Moyens de torture

1. Les moyens de torture physique

Les moyens utilisés par nos tortionnaires désaxés et dépravés sont nombreux et variés. Ils vont des violences rudimentaires et primitives aux techniques les plus sophistiquées.

Les bastonnades et la flagellation :
ce sont des méthodes rudimentaires qui accueillent le supplicié dans la « salle d’exploitation des informations » ou le « laboratoire  » selon la propre appellation cynique des salles de torture par les tortionnaires.
Dès son entrée le supplicié est reçu par des coups de poings et de pieds sur tout le corps avec deux zones de prédilection : le visage et les organes génitaux. A cela s’ajoutent des coups de bâton et de tuyaux en caoutchouc sur la tête et sur le dos, entraînant le plus souvent des traumatismes crâniens et des fractures costales.
Il est une spécialité dont nos tortionnaires excellent. Il s’agit de la « fallaqa  » qui consiste après avoir allongé et attaché le supplicié sur un banc, à frapper sa plante des pieds avec un bâton fin ou un câble électrique. Extrêmement douloureuse, elle provoque un œdème et des plaies hémorragiques qui s’infectent le plus souvent et qui empêchent la malheureuse victime de marcher.

La technique du chiffon :
c’est la méthode la plus fréquemment utilisée. C’est ce que j’ai appelé le « supplice made in Algeria « . Elle est pratiquée partout, c’est la méthode introductive de la panoplie de supplices. La victime dévêtue est allongée puis attachée à un banc de telle manière qu’elle ne puisse bouger. Un chiffon est introduit avec force dans sa bouche, ce qui permet de maintenir cette dernière ouverte. De l’eau sale, généralement puisée des WC ou des égouts de cuisine est introduite de force dans la bouche et ce, jusqu’au remplissage de l’estomac et à la suffocation. Parfois il est ajouté à cette eau du grésil ou de l’eau de Javel.
Une fois l’estomac bien rempli, l’un des tortionnaires se mettra à frapper l’abdomen du supplicié avec des coups de poing ou de pied pour lui faire régurgiter cette eau. D’autres s’assoient carrément sur l’abdomen du supplicié.
Il existe une autre variante de cette technique et qui consiste à introduire un tuyau relié à un robinet et à laisser couler l’eau jusqu’au remplissage de l’estomac puis le tortionnaire procède comme précédemment pour faire évacuer l’eau.

La suspension au plafond :
c’est également l’une des techniques fréquemment utilisées dans les salles de torture qui sont équipées de systèmes de poulies ou de crochets placés sur les murs et les plafonds. Il existe plusieurs variantes selon les « goûts » des tortionnaires.

La suspension par les poignets : elle consiste à suspendre la victime au mur ou au plafond par l’un ou les deux poignets, les pieds pendant au dessus du sol et ce, durant plusieurs heures voire des journées entières. Cette pratique entraîne une véritable strangulation au niveau des poignets avec parfois des séquelles vasculo-nerveuses provoquant un retentissement fonctionnel sur la main.

La suspension en sac : les pieds et les poignets du supplicié sont attachés ensemble par une corde ou un câble. Tout le corps est alors hissé par un système de poulie au plafond. La victime restera ainsi, des heures voire des jours. Lorsque le supplice se termine, on lâche brutalement la corde et le corps de la victime, épuisé par des heures de supplice s’effondre lourdement et violemment sur le sol.

La suspension par les pieds : les chevilles sont attachées par une corde ou un câble et la victime est alors suspendue au plafond, tête vers le bas et ce durant des heures ou des jours. Elle entraînera des vertiges et des troubles vasculaires cérébraux. Beaucoup de suppliciés mourront lorsque la suspension est prolongée.

La suspension par le sexe : technique sauvage, provoquant d’horribles douleurs, elle consiste à passer un câble en lasso sur la verge ou au niveau de la racine de l’appareil génital externe et de tirer vers le haut. Le supplicié est sujet alors à des évanouissements. Elle entraîne souvent des ruptures vasculaires de l’appareil génital et de l’urètre ainsi que d’abondantes hématuries. Elle laisse comme séquelles une impuissance par lésions des corps caverneux. Cette technique a été le plus fréquemment pratiquée aux centres de torture de la sécurité militaire de Haouch Chnou (Blida) et de Châteauneuf.

L’électricité :
la gégène, qui nous rappelle les tristes et douloureux souvenirs de la guerre de libération est pratiquée plus de trente années plus tard comme au bon vieux temps de la bataille d’Alger et avec parfois plus de raffinements grâce aux progrès technologiques des « joujoux » importés de France et des Etats-Unis.

La classique séance d’électricité : Sur une victime dévêtue, allongée et bien ficelée sur un banc, de préférence métallique, le tortionnaire mouille d’abord le corps en versant sur lui un seau d’eau. Des fils électriques se terminant par des pinces et reliés à une puissante source de courant électrique, sont appliqués sur les parties sensibles du corps : lobes d’oreilles, mamelons, parties génitales. Des décharges sont alors appliquées entraînant de véritables convulsions et contorsions de la victime, malgré ses solides attaches au banc. Les douleurs sont atroces selon les récits de nombreux témoins. Nombreux seront ceux qui perdront connaissance et seront réveillées par d’autres décharges.

La matraque électrique est le moyen moderne de torture. Décrite surtout dans les centres de la sécurité militaire de Châteauneuf, de Blida et de Boumerdés, elle permet tout en assénant des coups d’envoyer des décharges électriques qui foudroient la victime. C’est une matraque formée de deux parties : une partie recouverte de cuir et qui est la poignée et une partie métallique hérissée de pointes.

Le stylo électrique : décrit par plusieurs témoins séquestrés au centre de Châteauneuf, cet appareil qui ressemblerait à un stylo présente une pointe métallique terminale semblable à celle d’un fer à souder. Appliqué sur les pieds et les différentes parties du corps, il délivre de puissantes décharges électriques qui foudroient le supplicié. Cet appareil aurait été importé des Etats-Unis.

Les aiguilles électriques sont introduites tout comme des aiguilles d’acupuncture en différentes parties sensibles du corps.. Mais contrairement à ces dernières qui soulagent, celles-ci provoquent des douleurs atroces.

Les brûlures :
il existe plusieurs moyens de les provoquer dans la panoplie de nos professionnels es torture.

· par mégots de cigarettes : c’est la technique la « moins » sauvage. Le tortionnaire écrase le mégot de sa cigarette sur le thorax, l’abdomen ou le visage du supplicié attaché à un banc, entraînant des brûlures ponctuelles plus ou moins profondes.

· par l’essence : elle consiste à verser de l’essence soit sur la barbe soit sur les organes génitaux et de craquer une allumette entraînant un embrasement du liquide inflammable. De nombreux citoyens ont présenté de très graves séquelles plus particulièrement au niveau de l’organe génital.

· Le chalumeau : cet appareil de soudure est appliqué généralement sur le thorax et l’abdomen. Il entraîne des douleurs atroces et provoque des brûlures du troisième degré qui s’infectent souvent du fait de l’absence de soins.

· Le fer à souder : comme le chalumeau, provoque des brûlures graves. Des tortionnaires sadiques, écriront avec cet instrument sur la peau du supplicié des prénoms de femmes ou des initiales de clubs de football qu’ils supportent.

L’épreuve de l’échelle :
le supplicié est suspendu par ses poignets et ses chevilles en X à une échelle. On laisse brusquement tomber celle-ci avec le corps attaché de la victime. Il tombera sur son visage, provoquant souvent des fractures de la base du nez. Il existe une variante de cette épreuve qui consiste à ligoter le supplicié sur une chaise et à projeter cette dernière en avant avec réception au sol sur le visage.

Les tenailles :
sont utilisées pour arracher la peau du thorax et de l’abdomen ou encore les ongles du supplicié. La plaie cutanée ainsi provoquée est saupoudrée de sel. Lorsque la victime est barbue, les tenailles serviront à arracher sa barbe.

La lame de rasoir et la baïonnette :
tout comme les tenailles, elles serviront à entailler la peau du thorax, de l’abdomen et du dos provoquant des plaies linéaires qui seront saupoudrées de sel.

Les tortures sexuelles

Mutilation de la verge :
nous avons vu précédemment que le sexe était une zone de prédilection de nos tortionnaires aux troubles psychologiques évidents et aux obsessions sexuelles quasi certaines, qu’il s’agisse d’électricité, de suspension ou de brûlures.
L’autre technique de mutilation de cet organe est son introduction dans un tiroir et la fermeture brutale de ce dernier, entraînant un véritable effet de cisaillement, extrêmement douloureux et aux séquelles fonctionnelles graves. Cette pratique a été souvent décrite au commissariat central d’Alger.

La sodomisation :
elle est loin d’être rare dans la pratique algérienne de la torture.
La sodomisation concerne le plus souvent les adolescents sur lesquels s’acharnent les tortionnaires. Elle peut être directe. Ce sont les tortionnaires qui sodomisent leur victime à tour de rôle. Ailleurs ils introduisent le canon de leur pistolet ou un manche à balai dans l’anus de la victime. Le plus souvent, ils font asseoir le supplicié sur une bouteille. Cette sodomisation provoque de graves troubles sphinctériens anaux.
Un commissariat de la banlieue d’Alger (Bourouba) se serait spécialisé dans ces actes contre nature.

2. Les moyens de torture psychologique.

Simulacre d’exécution :
La victime est souvent sortie de sa cellule, visage recouvert d’une cagoule et jetée dans une malle de voiture. Il est emmené hors du lieu de séquestration, généralement dans une forêt. Là on lui hôte la cagoule et on lui met le canon du pistolet sur la tempe ou on tripote un poignard, lui faisant comprendre qu’on allait l’égorger. L’opération sera répétée plusieurs fois pour terroriser la victime.

Insomnies et état de psychose:
le supplicié est alors enfermé dans une cellule mitoyenne de la salle de torture. Les cris des suppliciés et les vociférations hystériques des tortionnaires qui se relaient en permanence dans leurs basses besognes empêchent la victime de dormir tout en le maintenant dans un état continu de psychose et de terreur.

Menaces de ramener l’épouse, la mère où la sœur et de la violer devant le supplicié : de nombreux cas se sont produits et des femmes ont été violées devant leurs parents par des hordes de tortionnaires obsédés.

3. Autres méthodes :

La perceuse électrique, plus couramment appelée chignole, la scie, le tournevis, le ciseau de tailleur sont des instruments également utilisés pour laisser des traces physiques indélébiles sur le corps du supplicié par des tortionnaires détraqués assouvissant leurs fantasmes et leur soif de vengeance inculquée par les services de l’action psychologique.

Les lieux tristement célèbres de séquestration et de torture :

Tous les lieux de séquestration (commissariats, brigades de gendarmerie, casernes, centres de la SM) sont des centres de torture. Nous citerons seulement et pour l’Histoire, quelques lieux tristement célèbres où des actes abominables sont pratiqués quotidiennement.

Le centre de Châteauneuf :
appelé pompeusement poste de commandement opérationnel (PCO) ou centre de lutte anti-terroriste (CLAT), c’est le centre névralgique et le haut lieu de toutes les horreurs de cette période sanglante que traverse l’Algérie. Equipé de moyens sophistiqués de torture, ce centre verra défiler des dizaines de milliers de citoyens de tous les coins du pays qui subiront les affres des supplices de la part d’un personnel tortionnaire névrosé et criminel. C’est dans ce centre que des dizaines de citoyens perdront la vie sur les tables « d’exploitation du renseignement ».
C’est dans ce centre que des filles, des épouses et des mères seront violées devant leurs pères, leurs maris et leurs enfants. C’est dans ce centre enfin que des crânes et des tibias seront percés à la chignole.

Le Commissariat Central d’Alger
sis au boulevard Amirouche est un autre lieu symbole de la « question ». Des milliers d’Algériens connaissent les lugubres sous-sols de ce commissariat, ses cellules crasseuses et humides et ses salles de torture aux murs ensanglantés. Des dizaines de citoyens laisseront la vie sur les bancs du supplice.

Cavaignac :
c’est le nom du commissariat situé à la rue Hocine Asselah, à Alger. Siège de la police dite judiciaire, il sera le lieu de nombreux actes criminels commis contre des citoyens arbitrairement arrêtés et séquestrés. Là également, de nombreux cadavres en sortiront pour être enterrés furtivement de nuit sous la triste étiquette de « X Algérien », selon de nombreux témoignages de policiers ayant fui ces horreurs.

Commissariat de Bab El Oued :
tristement célèbre dans ce quartier populaire et dont les tortionnaires excelleront dans les bastonnades et la technique du chiffon. Les tortionnaires de ce commissariat, souvent saouls, ramènent régulièrement des clochards du port d’Alger pour tabasser les détenus.

Commissariat de Bourouba (Hussein Dey) :
situé dans un quartier populaire, ce centre se distinguera par la sodomisation des adolescents et le viol des détenues par le commissaire en personne et son adjoint durant les années 94-95. Une « chambre à coucher  » sera spécialement aménagée pour recevoir les citoyennes et citoyens durant cette période. De nombreux citoyens y perdront la vie dans ce centre suite aux horribles tortures.

Centre de la sécurité militaire de Ben Aknoun :
ce centre aux techniques sophistiquées est réservé à une certaine catégorie de prisonniers. C’est là que seront atrocement torturés les « auteurs » de l’attentat de l’aéroport d’Alger. Les gros moyens sont utilisés : électricité, perceuse électrique, castration. C’est là aussi que sont concoctés les scénarii des « aveux » télévisés et où sont filmés les malheureux « repentis » après des séances bien dosées d’électricité et des cours accélérés de scénarii préfabriqués. Ces séances et ces cours se font par les agents de l’action psychologique et sous la haute autorité d’officiers de la SM.

Centre de séquestration d’El Madania (Alger) :
Situé en plein quartier populaire, il est le lieu d’horribles tortures. De nombreux citoyens dont des enfants mourront dans ce centre suite aux sévices.

Centre de la sécurité militaire de Haouch Chnou (Blida) :
tristement célèbre dans la région. La victime est souvent accueillie par un officier connu par sa phrase célèbre : « ici on ne connaît ni Dieu ni Amnesty International, ou tu parles ou tu meures! »
Ce centre se caractérise par la technique de la suspension par le sexe. De nombreuses victimes périront dans ce centre.

Groupement de gendarmerie de Bab Ezzouar :
sa cave glaciale est tristement célèbre et décrite par de nombreux rescapés du supplice. La technique préférée de ses tortionnaires est l’introduction d’un tuyau d’eau dans la gorge du supplicié jusqu’à l’asphyxie.

Centre de la SM du Hamiz : situé dans la wilaya de Boumerdés.

Camp de la sécurité militaire dit  » La Sœurette  » de Médéa : Electricité.

Caserne dite de la Sonacome de Rouiba : Se trouve au niveau de la zone industrielle de Rouiba. Lieu de tortures et d’exécutions sommaires.

Caserne dite de la Sonipec de Dellys : Ancienne usine de la Sonipec désaffectée et transformée en caserne militaire depuis le coup d’État de janvier 1992. Lieu de tortures et surtout d’exécutions sommaires.

Centre militaire Antar situé aux environs du parc zoologique de Ben Aknoun : Centre cité par des officiers déserteurs dans des interviews donnés à la presse occidentale.

caserne de la sécurité militaire de Béni Messous

caserne d’Al Makaria (ex-Leveilley)

Caserne de la sécurité militaire de Bouzaréah

Commissariat de Dély-Ibrahim (Alger)

Commissariat de Bab Ezzouar

Caserne des forces spéciales (nindjas) de Bourouba (Alger)

Brigade de gendarmerie de Baba Hassan

Commissariat de Boumerdès

Brigade de gendarmerie de Henchir Toumeghni (Oum El Bouaghi)

Brigade de gendarmerie de Madrissa (Tiaret)

Caserne des Salines de Dellys (Boumerdès)

Commissariat de Khemis El Kechna

Caserne Magenta d’Oran (SM)

CTR de Constantine

Liste non exhaustive de citoyens torturés

Des dizaines de milliers de citoyens eurent à pâtir de ces pratiques odieuses. Nous versons pour l’Histoire, comme nous l’avons déjà fait durant les moments les plus cruciaux qu’ont connu notre patrie et nos concitoyens, une liste non exhaustive de citoyens victimes de la « question « , dont beaucoup furent mes mandants.

1 – Kechaï Abderrachid, 32 ans, enseignant demeurant à Baraki, arrêté en juin 1991 par la gendarmerie.
Lieu de garde à vue : gendarmerie de Baraki.
Durée de garde à vue ; 13 jours.
Torturé à la prison d’El Harrach par le gardien Rabah Badjarah : bastonnades, sodomisation par manche à balai et castration post-traumatique.
Complications : troubles urinaires graves et dilatation du sphincter anal.

2 – Hammoudi Nadir, 27 ans, architecte, demeurant à Bab El Oued, Alger, a été arrêté le 9 octobre 1992 à son domicile à 1 heure du matin.
Lieu de détention : commissariat de Bab El Oued.
Durée de la garde à vue : 28 jours.
Moyens de tortures : technique du chiffon, brûlures par mégots de cigarettes, tabassage.
Transféré le 7 novembre à la prison de Serkadji puis en novembre 1996 à la prison d’El Harrach.
Après 5 ans de détention préventive, il est acquitté par le tribunal d’exception d’Alger et libéré en novembre 1997.

3- Belhouari Sid Ali, instituteur a été arrêté à son lieu de travail le 8 octobre 1992.
Lieu de détention : commissariat de Bab El Oued.
Durée de la garde à vue : 22 jours.
Moyens de tortures : technique du chiffon, électricité.
Complications : crise nerveuse ayant nécessité son évacuation sur l’hôpital de Bab El Oued.
Transféré le 2 novembre à la prison de Serkadji.

4 – Abderrahim Hocine, 39 ans, universitaire arrêté en septembre 1992 à Dellys.
Lieux de garde à vue : Châteauneuf, commissariat central, centre de la SM de Hydra et de Ben Aknoun.
Durée de la garde à vue : 30 jours.
Moyens de torture : technique du chiffon, électricité, perceuse électrique, bastonnades.
Complications : traumatisme crânien. Evacué en urgence à deux reprises sur l’hôpital militaire.
Condamné à mort et exécuté le 31 août 1993. Voir témoignage

5- Belkadi Salem, marié et père de 9 enfants, demeurant à Aïn Taya, arrêté en 1992 à son domicile par la gendarmerie de Aïn Taya.
Lieu de garde à vue : centre de la SM de Boudouaou.
Durée de garde à vue : 17 jours
Moyens de torture : suspension par les pieds au plafond, brûlures au chalumeau, injection de produits chimiques dans le pénis, flagellation par câble électrique, technique du chiffon, blessures par baïonnette
Complications : pertes de connaissance, plaie de la jambe par objet tranchant.
Transféré à la prison d’El Harrach.

6 – Benbekhouche Ayachi, 45 ans, marié et père de 6 enfants. Arrêté le 9 octobre 1992 à Mila (Constantine) par des gendarmes.
Lieu de garde à vue : brigade de gendarmerie de Si Mustapha (Boumerdès)
Durée de la garde à vue : 17 jours.
Moyens de torture : Arrachage des ongles et de la peau par des pinces, brûlures au chalumeau, bastonnade, chiffon.
Complications : troubles psychiques.
Transféré à la prison d’El Harrach.

7 – Kazi Abdennacer, 27 ans, tailleur, demeurant à la Cité de Diar El Mahçoul Alger. A été arrêté le 27 octobre 1992 à 3 heures du matin par des civils armés et cagoulés.
Lieu de garde à vue : commissariat de Cavaignac.
Durée de la garde à vue : 11 jours
Moyens de torture : bastonnade, arrosage par eau froide, coups avec chaise métallique, simulation d’exécution avec pistolet sur la tempe, technique du chiffon, clous enfoncés dans le corps et reliés à du courant électrique, brûlures par des mégots de cigarettes, crachats. simulation d’exécution
Complications : traumatisme crânien, séquelles de brûlures de la main.
Observations : incarcéré le 5 novembre 1992 à la prison d’El Harrach. Voir témoignage

8 – Raïth Slimane, 29 ans, maçon, a été arrêté le 18 février 1992 par des gendarmes.
Lieu de garde à vue : compagnie de gendarmerie de Bab Ezzouar
Durée de garde à vue : 22 jours.
Moyens de torture : suspension au plafond par les poignets et flagellation, brûlure de la barbe, technique du chiffon, bastonnades, en présence des officiers.
Transféré à la prison militaire de Blida.

9 – Kaouane Hassan, arrêté en avril 1992
Lieu de garde à vue : commissariat central
Durée de la garde à vue : non précisé
Moyens de torture : coups de poings, électricité, menaces de sodomisation.
Complications : fracture du pied gauche, section partielle de la langue.
Détenu à la prison d’El Harrach puis transféré à la prison de Serkadji.
Assassiné dans sa cellule le 21 février 1995. Voir témoignage

10 – Ter Ali, a été arrêté à la sortie de la mosquée par des gendarmes le 15 juillet 1992.
Lieu de garde à vue : gendarmerie de Aïn Taya
Durée de la garde à vue : 20 jours
Moyens de torture : technique du chiffon, bastonnades sur la plante des pieds (falaqua), sodomisation.
Complications : troubles sphinctériens de l’anus. Voir témoignage

11 – Bouamama Nourreddine, 42 ans, marié et père de 4 enfants. Arrêté le 23 septembre 1992 à 2 heures du matin à son domicile par des nindjas.
Lieu de garde à vue : Commissariat Central d’Alger.
Durée de la garde à vue : 22 jours
Moyens de torture : électricité, technique du chiffon, bastonnades, arrachage de dents par tournevis, arrachage de la peau par pince.
Complications : œdème généralisé du corps.
Transféré à la prison d’El Harrach. Condamné à mort par le tribunal d’exception d’Alger. Voir témoignage

12 – Amara Ahmed, 35 ans, fonctionnaire, a été arrêté le 18 février 1992 à son domicile par des gendarmes.
Lieu de garde à vue : Compagnie de gendarmerie de Bab Ezzouar.
Durée de la garde à vue : 22 jours.
Moyens de torture : brûlure de la barbe, bastonnades, coups de poings, technique du chiffon en présence des officiers.
Transféré à la prison militaire de Blida.
Observations : vol au cours de l’arrestation de 20 000 dinars et d’effets vestimentaires.. Saccage de la maison et brutalités envers la mère âgée. Voir témoignage

13 – Hanni Faci, 23 ans, maçon, arrêté le 24 février 1992 à la mosquée où il effectuait des travaux de maçonnerie. suite à un ratissage dans mon quartier d’El Harrach.
Lieu de garde à vue : compagnie de gendarmerie de Bab Ezzouar.
Durée de garde à vue : 19 jours
Moyens de torture : flagellation par câble électrique, technique du chiffon, tentative de sodomisation par bouteille, introduction d’un tuyau d’eau dans la bouche et ouverture du robinet.
Complications : troubles urinaires.
Transféré à la prison militaire de Blida.

14 – Berbère Mohamed, célibataire. demeurant à Aïn Taya, arrêté en 1992 à son domicile par la gendarmerie de Aïn Taya.
Lieu de garde à vue : centre de la SM de Boudouaou.
Durée de garde à vue : 17 jours
Moyens de torture : suspension par les pieds au plafond, brûlures au chalumeau, injection de produits chimiques dans le pénis, flagellation par câble électrique, technique du chiffon.
Complications : pertes de connaissance.
Observations : Transféré à la prison de Serkadji. Libéré le 13 septembre 1993 après son acquittement par le tribunal d’exception d’Alger, il sera kidnappé par la SM devant la porte de la prison. Disparu depuis.

15 – Dahri Abdelaziz, demeurant à Aïn Taya, arrêté en 1992 à son domicile par la gendarmerie de Aïn Taya.
Lieu de garde à vue : centre de la SM de Boudouaou.
Durée de garde à vue : 17 jours
Moyens de torture : suspension par les pieds au plafond, brûlures au chalumeau, injection de produits chimiques dans le pénis, flagellation par câble électrique, technique du chiffon.
Complications : pertes de connaissance.
Transféré à la prison d’El Harrach.

16 – Silem Abdelkader, 36 ans, arrêté le 28 février 1992 par des militaires et des civils cagoulés à son domicile au 94 parc Ben Omar à Kouba (Alger).
Lieu de garde à vue : centre de la SM de Bouzaréah.
Durée de garde à vue : 18 jours
Moyens de torture : coups de poing, bastonnades, matraque électrique, gégène, chiffon
Complications : hémorragies (epistaxis, gingivorragies), troubles du rythme cardiaque ayant nécessité son hospitalisation en cardiologie le 18 mars 1992 (hôpital militaire de Aïn Naadja).
Observations : citoyen cardiaque, porteur d’une prothèse valvulaire et sous traitement anticoagulant permanent.
Transféré à la prison militaire de Blida.

17 – Boutchiche Mokhtar, arrêté sur la route à Tidjelabine (Boumerdés) le 20 janvier 1992 à un barrage de gendarmerie, alors qu’il se rendait à Bou Saada.
Lieu de garde à vue : centre de la SM du Hamiz
Durée de garde à vue : 40 jours
Moyens de torture : chiffon, bastonnades, flagellation avec un câble électrique, arrachement de la peau et des ongles par des pinces coupantes, brûlure de la barbe par des mégots de cigarettes.
Complications : séquelles de brûlures du visage, hémoptysies.
Observations : incarcéré le 10 mars 1992 à la prison militaire de Blida. Voir témoignage

18 – Bouyoucef Mohamed, 51 ans, chauffeur de profession, arrêté sur la route de Boufarik le 7 septembre 1992 par des éléments de la SM.
Lieu de garde à vue : centre de la SM de Blida
Durée de garde à vue : 12 jours
Moyens de torture : arrachage de la barbe, électricité, coups de poings et de pieds, chiffon, utilisant de produits chimiques décapants (esprit de sel)
Complications : dermatose bulleuse, plaies infectées du visage. Voir témoignage

19 – Guillal Boubekeur, agent des transmissions, demeurant à Khenchela a été arrêté le 7 février 1992 par la police à son domicile
Lieu de garde à vue : commissariat de Khenchela
Durée de garde à vue : 8 jours
Moyens de torture : tabassages, flagellation par câble.
Observations : incarcéré à la prison de Khenchela où il développa suite au froid glacial des cellules, une artérite du membre inférieur droit avec gangrène ayant nécessité l’amputation de sa jambe à l’hôpital de Ben Aknoun (Service de chirurgie vasculaire du CNMS)..

20 – Bouazza Abdelaziz, né le 19 juillet 1966 à Kouba (Alger), célibataire, pâtissier de profession, demeurant à Aïn Naadja, Alger,, a été arrêté le 19 octobre 1993 à son domicile par la police.
Lieu de garde à vue : commissariat d’Hussein-Dey.
Durée de garde à vue : 45 jours.
Moyens de torture : bastonnades, chiffon, suspension par les menottes, brûlures par mégots de cigarettes.
Incarcéré à la prison de Serkadji.
Assassiné le 21 février 1995 lors du carnage de Serkadji.

21 – Harik Nourreddine, universitaire, 29 ans, arrêté le 7 septembre 1993 à Belcourt par la sécurité militaire.
Lieu de garde à vue : Commissariat Central et centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 30 jours.
Moyens de torture : bastonnades, chiffon, tentative de sodomisation, électricité, gourdin, brûlure de la barbe par un briquet, utilisation d’un chien.
Complications : troubles urinaires, céphalées tenaces.
Observations : Il sera condamné à mort par le tribunal d’exception d’Alger et sera froidement exécuté dans sa cellule lors du massacre de Serkadji le 21 février 1995.

22 – Saadane Hassani, lycéen âgé de 17 ans a été arrêté le 13 novembre 1993.
Lieu de garde à vue :centre de Châteauneuf.
Durée de la garde à vue : 57 jours
Moyens de torture : technique du chiffon. Brûlures avec mégots de cigarettes. Utilisation de décharges électriques. Bastonnades et simulation d’exécution.
Transféré à la prison d’El Harrach le 10 janvier 1994.

23- Si Mozrag Mohamed Yacine, commerçant, demeurant à Birkhadem a été arrêté à son domicile le 23 juillet 1993 par des civils armés et des nindjas de la sécurité militaire après avoir brutalisé sa sœur et sa mère.
Lieu de détention : centre de Châteauneuf.
Durée de détention : 30 jours.
Moyens de torture : technique du chiffon, bastonnade, brûlures du thorax et du visage au chalumeau, sodomisation.
Complications : brûlures du 2e degré, fracture de côtes, troubles visuels et auditifs et dépression.
Extrait illégalement le 9 octobre 1994 de sa cellule de la prison d’El Harrach par des civils armés. Jeté dans la malle d’un véhicule banalisé et transféré au commissariat central où il sera atrocement torturé durant 24 heures avant d’être incarcéré à la prison de Serkadji. Assassiné à la prison de Serkadji le 21 février 1995.

24 – Temmar, professeur en cardiologie, 43 ans demeurant à Blida a été arrêté en juillet 1993 par la sécurité militaire.
Lieu de détention : centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 23 jours.
Moyens de torture : bastonnades, électricité, technique du chiffon, brûlures au chalumeau.
Complications : fréquentes pertes de connaissances dues au traumatisme crânien.

25 – Maméche Rédha, 30 ans, chirurgien à l’hôpital d’El Harrach, arrêté en avril 1993.
Lieu de garde à vue : commissariat de Cavaignac.
Durée de garde à vue : 16 jours.
Moyens de torture : coups par câbles électriques, technique du chiffon.

26 – Briguen Ahmed, 29 ans, médecin, arrêté le 23 mars 1993 à son domicile à Badjarah.
Lieu de garde à vue : Commissariat Central d’Alger.
Durée de garde à vue : 22 jours.
Moyens de torture : coups de poings, technique du chiffon, suspension par les poignets, brûlures avec des mégots.

27 – Chaloui Boualem, arrêté en avril 1994, accusé d’avoir assassiné le 5 décembre 1993 au marché El Afia, Mme Larissa Polnaya, épouse Ayadi, ressortissante russe mariée à un algérien.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf.
Durée de la garde à vue : 55 jours.
Moyens de torture : chiffon, bastonnades, sodomisation.
Après 36 mois de détention préventive, il fut acquitté le 29 avril 1997 par le tribunal d’exception d’Alger.

28 – Aït Bellouk Mohamed Islam. Arrêté le 4 novembre 1993 par la sécurité militaire dans son quartier à El Anassers, Alger.
Lieu de garde à vue : centre de Châteauneuf et commissariat central.
Durée de garde à vue : 66 jours.
Moyens de torture : matraque électrique, technique du chiffon, bastonnades, brûlures par mégots de cigarettes.
Complications : infection de la jambe par les brûlures électriques. Troubles urinaires.
Observations : Sa mère fut arrêtée et torturée pendant 10 jours à Châteauneuf avant d’être incarcérée à la prison d’El Harrach.
Transféré à la prison d’El Harrach puis à Serkadji.
Condamné à mort par le tribunal d’exception d’Alger.
Assassiné lors du carnage de la prison de Serkadji le 21 février 1995.

29 – Chachoua Djelloul, arrêté le 31 mars 1993 à Belcourt (Alger) par la s sécurité militaire.
Lieu de garde à vue : Commissariat Central d’Alger et Centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 86 jours.
Moyens de torture : bastonnades, chiffon, tentative de sodomisation.
Complications : troubles nerveux, insomnies.
Observations : A assisté au centre de Châteauneuf à la torture d’un enfant de 15 ans et d’un vieillard de 81 ans.
Condamné à trois ans de prison par le tribunal d’exception d’Alger.

30 – Ramdani Rédha, demeurant à Badjarah, arrêté le 31 août 1993 à son domicile par des policiers.
Lieu de garde à vue : commissariat de Badjarah et Commissariat Central.
Durée de garde à vue : 21 jours
Moyens de torture : bastonnades, suspension au plafond, tentative de sodomisation, chiffon.
Observations : Sa vieille mère fut également arrêtée en même temps que lui. Elle fut frappée au commissariat et insultée. Ils ont été tous deux incarcérés à la prison d’El Harrach le 21 septembre 1993.

31 – Rahmani M’hend, arrêté le 7 novembre 1993 à son domicile à Kouba par des policiers cagoulés.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 65 jours
Moyens de torture : électricité, bastonnades, chiffon, brûlures par cigarettes.
Observations : arrestation de ses trois frères en même temps que lui.

32 – Boukhari Aïssa, 37 ans, demeurant à Hydra arrêté par la sécurité militaire le 30 mai 1993.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 40 jours
Moyens de torture : chiffon, falaqua, coups de poing, électricité.
Complications : fracture de la mâchoire, fractures de côtes, perforation des deux tympans.
Observations : A rencontré le citoyen Mihoubi Nourreddine d’El Harrach, séquestré depuis 6 mois. Il a assisté à la mort de deux citoyens torturés, l’un militaire qui avait la mâchoire fracturée et un autre civil, brûlé au chalumeau.
Jeté dans la forêt d’El Achour après 40 jours de séquestration.

33 – Sari-Ahmed Mahfoud, professeur de médecine, demeurant à Alger, a été arrêté par la police le 2 mai 1993 sur son lieu de travail à l’hôpital de Baïnem.
Lieu de garde à vue : Cavaignac (Alger)
Durée de garde à vue : 12 jours.
Moyens de torture : coups de poing, chiffon, arrosage du corps par eau froide, simulation d’exécution par arme à feu,
Observations : ce médecin a assisté à la mort sous la torture d’un jeune citoyen de Staoueli, âgé de 24 ans après deux journées d’agonie.
Acquitté par le tribunal d’exception d’Alger après 6 mois de détention préventive à la prison d’El Harrach.

34 – Bekkis Omar, 15 ans, lycéen, a été arrêté le 2 octobre 1993 au domicile de ses parents à Bab El Oued par des policiers accompagnés d’un indicateur cagoulé (bouchakara)
Lieu de garde à vue : commissariat de Bab El Oued, commissariat du 1er arrondissement, Commissariat Central.
Durée de garde à vue : 14 jours
Moyens de torture : menaces de mort, chiffon, bastonnades.
Complications : hypoglycémie, plaie du larynx.
Observations : Dans un garage de torture il a vu des suppliciés suspendus au plafond par leurs pieds.

35 – Benredjdal Slimane, demeurant à Réghaïa, a été arrêté à la brigade de gendarmerie de la ville le 23 février 1993.
Lieu de garde à vue : brigade de gendarmerie de Réghaïa.
Durée de garde à vue : 16 jours
Moyens de torture : bastonnades, arrosage du corps à l’eau froide, pincement de sa verge dans un tiroir, chiffon, brûlures au fer à souder, menaces de viol de son épouse, ingurgitation forcée de deux bouteilles de Crésyl, coups de baïonnettes à la tête et à l’épaule.
Complications : troubles psychiatriques, brûlures du pied, plaies infectées au niveau de la tête et de l’épaule (par baïonnette)
Observations : En traitement en psychiatrie à l’infirmerie de la prison d’El Harrach.

36 – Djarmouni Abdelkader, demeurant à Saoula (Alger) arrêté le 18 décembre 1993 par des gendarmes de la brigade de Saoula.
Lieu de garde à vue : brigade de gendarmerie de Saoula, puis brigade de Baba Hassan
Durée de garde à vue : 30 jours
Moyens de torture : bastonnades, chiffon, enchaînement collectif
Observations : transféré à la prison d’El Harrach le 18 janvier 1994.

37 – Bouhadjar Farid, 25 ans, enseignant demeurant à Bougara (Blida) a été arrêté le 10 juin 1993 par la police.
Lieu de garde à vue : commissariat d’Hussein-Dey.
Durée de garde à vue : 17 jours.
Moyens de torture : tabassage, bastonnades, chiffon.
Complications : Fractures de côtes, traumatisme du membre inférieur
Observations : hospitalisé durant deux jours à l’hôpital militaire de Aïn Naadja.

38 – Chama Rabie, 40 ans, demeurant à Bougara (Blida), a été arrêté à son domicile le 22 juillet 1993 par des gendarmes.
Lieu de garde à vue : brigade de gendarmerie de Bougara.
Durée de garde à vue : 10 jours.
Moyens de torture : bastonnades, flagellations, chiffon, brûlures du visage par cigarettes.
Complications : Arrachage de 5 dents, séquelles de brûlure du visage
Observations : incarcéré à la prison de Blida le 31 juillet 1993.

39 – Ouarti Mohamed, 19 ans, demeurant aux Eucalyptus (Alger), a été arrêté le 11 avril 1993 par des gendarmes à son domicile.
Lieu de garde à vue : brigade de gendarmerie de Bab Ezzouar, Centre de la SM du Hamiz, centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 8 mois
Moyens de torture : chiffon, électricité, brûlures de l’anus et du dos au fer à souder. Enfermement dans un frigo (chambre froide), suspension au plafond durant 12 jours, flagellations.
Complications : paralysie définitive de la main droite, troubles sphinctériens.
Observations : Il fut présenté à la télévision,  » reconnaissant  » avoir assassiné la malheureuse Karima Belhadj aux Eucalyptus. Après 8 mois de séquestrations et de tortures, il fut jeté dans la forêt et a dû regagner son domicile situé à plus de 20 km à pied.

40 – Boukhalfa Abderrahmane, demeurant à Saoula (Alger) a été arrêté le 18 décembre 1993 à son domicile par des gendarmes.
Lieu de garde à vue : brigades de gendarmerie de Saoula et Baba Hassan.
Durée de garde à vue : 30 jours
Moyens de torture : flagellation, tabassage,
Complications : traumatismes du visage.

41 – Aït Ahmed Rachid, handicapé moteur, demeurant à Saoula a été arrêté par des gendarmes le 18 décembre 1993 à son domicile.
Lieu de garde à vue : brigades de gendarmerie de Saoula et de Cheraga.
Durée de garde à vue : 30 jours
Moyens de torture : bastonnades, enchaînement.

42 – Boustila Kamal, demeurant à Réghaïa a été arrêté le 25 septembre 1993.
Lieu de garde à vue : Commissariat central d’Alger.
Durée de garde à vue : 25 jours.
Moyens de torture : chiffon, sodomisation par manche à balai, électricité.

43 – Fekar Saïd, 60 ans, fellah demeurant à Cap Djinet (Boumerdès), arrêté le 18 juin 1994 par des militaires à la sortie de la mosquée.
Lieu de garde à vue : brigade de gendarmerie de Bordj Ménaïel.
Durée de garde à vue : 23 jours.
Moyens de torture : chiffon, coups de poings, simulation d’exécution, flagellation par câble électrique, suspension par les poignets au plafond durant 12 jours.
Complications : plaies infectées des poignets, baisse de l’acuité visuelle, hématurie, paralysie des mains
Transféré à la prison d’El Harrach.

44 – L. Mohamed, 20 ans, demeurant à Alger a été arrêté le 25 juin 1994 sur son lieu de travail.
Lieu de détention : Commissariat Central d’Alger.
Durée de la garde à vue : 39 jours.
Moyens de tortures : suspension au plafond, technique du chiffon, bastonnade.
Hospitalisé d’urgence pour troubles cardiaques.
Libéré en raison de la détérioration de son état de santé le 3 août 1994.

45. Senoussi Boualem, agriculteur, éleveur de bovins, demeurant à Aïn Tedlès, Mostaghanem, arrêté par des gendarmes, suite à sa présentation à la brigade sur convocation en janvier 1994. Accusé de soutien aux islamistes.
Lieu de garde à vue : brigade de gendarmerie de Tedlés
Durée de garde à vue : indéterminé.
Moyens de torture : technique du chiffon imbibé de Crésyl, pendu par les poignets au plafond durant 36 heures, Sodomisation par une bouteille. Attaché à une sorte de tourniquet (technique du  » poulet rôti « )
Complications : plaies des bras et des poignets.
Observations : présenté au parquet de Mostaghanem et incarcéré. Condamné par la cour spéciale le 21 juin 1994, à 2 ans de prison avec sursis et 4000 DA d’amende. A sa libération, il sera repris par les gendarmes de Aïn Tedlès dont le gendarme Zouaoui. Torturé dans un centre secret durant 27 jours puis emmené par les gendarmes ainsi que six autres détenus dans la forêt de Messerghine. Exécution sommaire des six détenus. Lui, blessé aux jambes fut laissé pour mort dans la forêt. Au départ des gendarmes, il se cachera jusqu’à la tombée de la nuit puis se traînera, malgré ses fractures de jambes. Sera soigné par des villageois et des maquisards. S’exilera en Europe par la suite.

46 – Allache Rabah, instituteur, arrêté le 1er avril 1994, suite à un ratissage à Birkhadem.
Lieu de garde à vue : Gendarmerie de Aïn Naadja.
Durée de garde à vue : quatre mois et demi.
Moyens de torture : bastonnades, brûlures par mégots de cigarettes, chiffon.
Complications : lésions cutanées dues aux conditions de séquestration.

47 – Bougandoura Fayçal, employé à la Sonacome, demeurant à Badjarah, arrêté en 1994 par des policiers cagoulés.
Lieu de garde à vue : commissariat de Badjarah, puis d’Hussein Dey, puis des Anassers, puis du vieux Kouba puis enfin Commissariat Central.
Durée de garde à vue : 44 jours
Moyens de torture : bastonnades, chiffon.

48 – Yazid Bachir, 48 ans, demeurant à El Mouradia, kidnappé sur l’autoroute par des civils armés le 15 janvier 1994.
Lieu de garde à vue : commissariat d’Hussein-Dey.
Durée de garde à vue : 51 jours
Moyens de torture : bastonnades, chiffon,
Observations : a assisté à la torture de plusieurs citoyens. L’un d’eux présentait une infection des testicules avec véritable castration post-traumatique. L’autre présentait une plaie infectée de sa main compliquée de paralysie, suite à une blessure par balles lors de son arrestation.

49 – Lamdjadani Nourreddine, 44 ans, médecin, arrêté au commissariat central d’Alger le 17 mai 1994 suite à une convocation.
Lieu de garde à vue : commissariat central d’Alger et centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 60 jours.
Moyens de torture : chiffon, bastonnades, menaces de mort,
Complications : thrombose hémorroïdaire. Baisse de l’acuité visuelle, hémorragie nasale, troubles pulmonaires.
Observations : a vu un citoyen dont le tibia a été découpé à la baïonnette, un autre basculé d’une échelle, a eu sa boite crânienne éclatée avec suintement du liquide céphalo-méningé. A entendu le bruit de scies électriques et de perceuses (chignole) au centre de Châteauneuf.
Vol de sa montre, de ses lunettes de vue et d’une somme de 8000 DA.
Condamné à trois années de prison par le tribunal d’exception d’Alger.

50 – Moulay Mohamed Saïd, 46 ans, doyen de l’institut de mathématiques de l’Université de Bab Ezzouar, a été kidnappé le 19 juin 1994 par des éléments de la SM sur l’autoroute d’El Harrach, alors qu’il était avec ses deux enfants en bas-âge.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf et Commissariat central d’Alger.
Durée de garde à vue : 29 jours.
Moyens de torture : bastonnades, chiffon, flagellations avec un câble électrique
Complications : traumatisme crânien, plaies de la main, dorsalgies.
Gardé en détention préventive durant 30 mois avant d’être jugé et condamné à trois années par le tribunal d’exception d’Alger. Libéré en juillet 1997 après avoir purgé sa peine.

51 – Djemaoune Abdesslam, restaurateur, a été arrêté le 18 mars 1994 à Birkhadem.
Lieu de garde à vue : brigade de gendarmerie de Aïn Naadja.
Durée de garde à vue : 5 mois
Moyens de torture : électricité, bastonnades.
Incarcéré à la prison d’El Harrach

52 – Ouandjela Abderrahmane, officier de police à El Affroun, arrêté le 20 juillet 1994 par ses collègues à son domicile à El Affroun.
Lieu de garde à vue : commissariat d’El Affroun puis brigade de répression du banditisme de Blida et centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 26 jours.
Moyens de torture : flagellation par câble électrique, chiffon, tabassage, électricité
Complications : lipothymies, traumatisme du maxillaire supérieur.
Observations : arrêté pour avoir refusé d’exécuter des opérations de provocation contre des jeunes citoyens de sa ville et d’avoir déposé sa démission.
Incarcéré à la prison d’El Harrach.

53 – Ykrelef-Abdesmed Mazari, brigadier de police à El Affroun, arrêté le 30 juillet 1994 par ses collègues du commissariat d’El Affroun à son domicile.
Lieu de garde à vue : Brigade de répression du banditisme de Blida, Centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 16 jours
Moyens de torture : tabassage, chiffon, électricité.
Observations : arrêté pour avoir refusé d’exécuter des opérations de provocation contre des jeunes citoyens de sa ville et d’avoir déposé sa démission.
Incarcéré à la prison d’El Harrach.

54 – Belhamri Messaoud, 43 ans, technicien des travaux publics, demeurant au 37 rue Boumaza à El Harrach a été arrêté le 18 juin 1994 par des éléments de la SM près de son domicile.
Lieu de garde à vue : centre de Châteauneuf puis commissariat central d’Alger.
Durée de garde à vue : 30 jours.
Moyens de torture : simulation d’exécution, menace de viol de son épouse et de sa fille, flagellation par câble électrique, bastonnades, suspension par les pieds au plafond. chiffon,
Observations : incarcéré à la prison d’El Harrach le 17 juillet 1994.

55 – Ichalalène Abderrahmane, 55 ans, a été arrêté avec son fils âgé de 20 ans à son domicile à Zeghara (Alger) le 19 novembre 1994.
Lieu de garde à vue : Centre d’El Madania..
Durée de garde à vue : 20 jours.
Moyens de torture : chiffon, bastonnades, suspension au plafond.
Observations : A assisté à la mort de deux citoyens sous la torture au centre d’El Madania.

56 – Tayebi M’Hamed, demeurant à Saoula (Alger) a été arrêté à son domicile le 18 décembre 1994.
Lieu de garde à vue : brigades de gendarmerie de Saoula puis de Cheraga.
Durée de garde à vue : 30 jours.
Moyens de torture : tabassage, enchaînement,
Complications : traumatisme crânien.

57 – Gharbi Brahim, maire des Issers (Boumerdés), a été arrêté à son domicile le 24 avril 1994 par des éléments de la SM cagoulés.
Lieu de garde à vue : commissariat central d’Alger, centre de Châteauneuf, centre de la SM de Blida
Durée de garde à vue : 25 jours
Moyens de torture : chiffon, bastonnades, lacération de la peau avec une lame de rasoir, flagellation avec un câble électrique,
Complications : Infection des plaies provoquées par la lame de rasoir.

58 – Thamert Hocine, professeur au lycée de Dellys, kidnappé à Alger le 24 avril 1994 par des éléments de la police politique.
Lieu de garde à vue : Commissariat central, Centres de la SM de Châteauneuf et de Blida.
Durée de garde à vue : 26 jours
Moyens de torture : tabassage, chiffon, fallaqa, brûlures du sexe avec des mégots, flagellation, tentative de section des doigts avec des ciseaux de tailleur.
Complications : traumatisme crânien, infection des doigts et du cuir chevelu.

59- Kentour Brahim, a été arrêté le 27 mai 1994 à la frontière algéro-marocaine (Poste de Maghnia) par des éléments de la SM.
Lieu de garde à vue : Centres de la SM de Blida et de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 41 jours.
Moyens de torture : bastonnades, chiffon, électricité, suspension par le sexe.
Complications : arrêt cardiaque.
Observations : Incarcéré à la prison d’El Harrach. Condamné à 20 ans par le tribunal d’exception d’Alger puis acquitté après cassation. Voir témoignage

60 – Boutiche Ahmed, a été arrêté le 18 décembre 1994 à la brigade de gendarmerie de Saoula lorsqu’il a répondu à une convocation des gendarmes.
Lieu de garde à vue : Brigades de gendarmerie de Saoula et de Cheraga.
Durée de garde à vue : 30 jours
Moyens de torture : bastonnades, enchaînement, flagellation avec un câble électrique, tentative de section du doigt avec une pince coupante.

61 – Khider Omar, professeur d’anglais, demeurant à Dellys a été arrêté à son domicile le 3 avril 1994 à 2 heures du matin par des militaires.
Lieu de garde à vue : base militaire de Dellys, centres de la SM du Hamiz (Boumerdés), de Blida et de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 45 jours.
Moyens de torture : bastonnades, flagellation, chiffon, suspension par le sexe, tentative de noyade dans un bassin,
Complications : traumatisme crânien, plaie de la verge.
Observations : Condamné à 15 années de réclusion par le tribunal d’exception d’Alger en 1997.

62 – Lafri Khaled, chirurgien, demeurant à El Harrach (Alger) a été arrêté le 7 juin 1994 à son domicile par des policiers.
Lieu de garde à vue : Commissariat central d’Alger.
Durée de garde à vue : 40 jours.
Moyens de torture : Tabassage, flagellation, chiffon.
Complications : traumatismes des pieds.
Transféré à la prison d’El Harrach puis de Serkadji.
Condamné à 3 années de prison. Libéré en juillet 1997 après avoir purgé sa peine.

63 – Ghamour Rédha, 22 ans, étudiant, demeurant à Badjarah, arrêté le 12 juillet 1994 par des policiers.
Lieu de garde à vue : Commissariat de Bourouba et commissariat central d’Alger.
Durée de garde à vue : 70 jours
Moyens de torture : bastonnades, chiffon, brûlures par mégots de cigarettes
Complications : incontinence anale et urinaires. Troubles psychiques.

64 – Yousfi Nadir, 19 ans, lycéen, demeurant à Badjarah, arrêté le 12 juillet 1994 à son domicile par des policiers.
Lieu de garde à vue : commissariat de Bourouba et commissariat central d’Alger.
Durée de garde à vue : 70 jours.
Moyens de torture : électricité, bastonnades, tentative de sodomisation par le commissaire
Complications : troubles psychiques.

65- Djebbar Redouane, 20 ans, sans profession, demeurant à Badjarah, a été arrêté le 12 juillet 1994 par des policiers.
Lieu de garde à vue : commissariat de Bourouba.
Durée de garde à vue : 70 jours.
Moyens de torture : chiffon et bastonnades.

66 – Benslimane Hakim, 21 ans, commerçant, demeurant à Badjarah, a été arrêté le 12 juillet 1994 par des policiers.
Lieu de garde à vue : Commissariat de Bourouba.
Durée de garde à vue : 70 jours.
Moyens de torture : bastonnades, chiffon.
Complications : paralysie partielle de la main. Syncopes.

67 – Bouaouicha Mustapha, arrêté le 7 juin 1994 à son domicile par des policiers.
Lieu de garde à vue : commissariat central.
Durée de garde à vue : 54 jours.
Moyens de torture : chiffon, bastonnades, ingurgitation d’urines à travers un entonnoir
Observations : A été arrêté par les policiers alors qu’ils venaient arrêter son frère, absent ce jour-là.

68 – Tayane Mohamed, 47 ans, a été arrêté dans la rue par des hommes armés à Bouzaréah le 1er septembre 1994.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 23 jours
Moyens de torture : chiffon, électricité, tabassage, menaces de mort.
Observations : son fils âgé de 12 ans a été arrêté à deux reprises et interrogé dans le même centre.

69 – Sefar Mohamed, 25 ans, demeurant à Bourouba (Alger) a été arrêté le 13 août 1994 aux environs de 21 heures, à sa sortie de la mosquée par des policiers du commissariat de Bourouba.
Lieu de garde à vue : commissariat de Bourouba.
Durée de garde à vue : non déterminée
Moyens de torture : Suspension par ses pieds sur la place publique du 1er mai à Bourouba.
Complications : Gangrène du pied, laissée sans soins.
Observations : Des témoins détenus au même commissariat affirment l’avoir entendu hurler durant plusieurs nuits suite aux douleurs provoquées par la gangrène puis s’est tu subitement. Certains témoins avancent l’hypothèse de sa mort suite à la gangrène. A disparu depuis.

70. Rebaï Mohamed, officier de police au commissariat de Bab El Oued, marié et père d’un enfant, demeurant à la Casbah, arrêté par ses collègues le 2 janvier 1995 et transféré au centre de Chateauneuf.
Lieu de garde à vue ; Châteauneuf.
Durée de la garde à vue : 56 jours.
Moyens de tortures : Toute la panoplie de Châteauneuf. Par pudeur, ce citoyen refusera de décrire, dans son rapport adressé à la présidence de la République, les atrocités qu’il subira.
Complications : Fracture du bras, fractures de côtes, déchirures musculaires du thorax et du dos.
Observations : Dans son rapport de 29 pages adressé à la présidence de la République et à la presse, il expliquera les raisons de son arrestation. Deux raisons essentielles : 1) Il avait découvert un vaste réseau de trafic de véhicules dans lequel étaient impliqués de très hauts responsables de la police. 2) Il avait dénoncé les actes odieux pratiqués par le chef de la BMPJ de Bourouba et son adjoint sur les jeunes citoyens arrêtés dans le cadre de la lutte « anti-terroriste  » (tortures, viols, sodomisations, exécutions sommaires). Il révélera l’exécution sommaire d’un citoyen, ancien maquisard de la guerre de libération, Azizi Abdelkrim, 65 ans et de son fils Abdessamed, 18 ans, par ce même officier de Bourouba. Il révélera également l’assassinat de son ami, Touadi Hachemi, chef de la police des frontières du port d’Alger par le « commando noir  » dirigé par un autre commissaire.
Incarcéré durant 9 mois, puis acquitté.

71 – Aït Chaouche Mokhtar, 44 ans, demeurant à Zeghara (Alger) a été arrêté le 14 janvier 1995 à son domicile.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 8 jours.
Moyens de torture : chiffon, électricité, tabassage.
Observations : A été témoin de la mort d’un écolier de 14 ans sur la table de torture.

72 – Salah Abdallah, a été arrêté au centre d’Alger (rue Hassiba Benbouali) le 24 mai 1995.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 30 jours.
Moyens de torture : chiffon, électricité, suspension au plafond, bastonnades.

73 – Benmerakchi Mohamed, 35 ans, taxieur, à Bab El Oued (Alger) a été arrêté à son domicile le 6 avril 1995 à 2 heures du matin par des nindjas.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 6 mois dont 40 jours de torture.
Moyens de torture : chiffon, électricité, bastonnades, suspension au plafond par des menottes.
Complications : paralysie transitoire des deux mains du fait des suspensions au plafond. Troubles psychiques.
Observations : Arrêté pour avoir paru accidentellement dans le documentaire de la BBC diffusé par Canal + le 17 décembre 1995.
Libéré après 6 mois de séquestration au centre de Châteauneuf.

74- Amoura Mahmoud, ex-policier, fut arrêté le 24 avril 1995 à un barrage militaire. Fut porté disparu depuis cette date par sa famille.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 106 jours.
Moyens de torture : technique du chiffon, bastonnades, électricité.
Complications : Syncopes. Insomnies.
Observations : Incarcéré à la prison d’El Harrach le 6 août 1995 (n° d’écrou : 77 775).

75 – Mesli Rachid, 40 ans, avocat et militant des droits de l’homme, demeurant à Aïn Taya, a été kidnappé le 31 juillet 1996 par trois civils de la sécurité militaire à Rouiba, en présence de son fils de 5 ans.
Lieu de détention : centre de Châteauneuf et Caserne de la sécurité militaire de Boumerdès.
Durée de la garde à vue : 11 jours.
Moyens de torture : bastonnades, techniques du chiffon, simulation d’égorgement et d’exécution.
Complications : état d’obnubilation durant plus de trois semaines.
Transféré le 10 août à la prison d’El Harrach.
Condamné le 16 juillet 1997 à trois ans de prison par le tribunal d’exception de Tizi Ouzou. Libéré en juillet 1999. voir aussi son témoignage

76 – T. Mimouna, épouse B, mère de 5 enfants, demeurant à Oran, arrêtée le 19 mars 1996 à 16h 15 à son domicile en même temps que son mari et son frère par une dizaine d’agents de la sécurité militaire. Après l’arrestation, une perquisition a été effectuée par les mêmes personnes. Selon le témoignage de la victime, tous ses bijoux en or lui ont été volés (collier avec médaillon, chaîne, 2 gourmettes, 5 bagues).
Lieu de garde à vue : Caserne Magenta d’Oran.
Durée de garde à vue : 21 jours dont 13 jours de torture
Moyens de torture : Déshabillée devant son frère et son mari, électricité sur les oreilles, la langue et les seins. Sodomisation par goulot de bouteille, menace de viol.
Complications : Troubles nerveux.
Observations : A été licenciée abusivement de son travail en raison de ses 21 jours d’absence (durée de la séquestration par la SM) qu’elle n’avait pas pu justifier. Les auteurs de la séquestration refusant de lui délivrer de papier officiel d’arrestation.

77 – Traïba Mohamed, demeurant à Oran, arrêté le 19 mars 1996 à 16h 15 au domicile de sa sœur et de son beau-frère par une dizaine de civils armés de la sécurité militaire d’Oran
Lieu de garde à vue : caserne Magenta d’Oran.
Durée de garde à vue : indéterminé (citoyen porté disparu).
Moyens de torture : électricité, coups de massue sur les coudes et les genoux devant sa sœur et son beau-frère.
Observations : Ce citoyen est porté disparu depuis cette date.

78- Ghedhab Mohamed, est un citoyen algérien résident en Suisse. Il fut kidnappé par la sécurité militaire le 16 septembre 1996 à sa descente d’avion à l’aéroport d’Alger (vol d’Air Algérie AH 2049) suite à des informations fournies par un policier suisse, Léon Jobe qui travaillait avec la police politique d’Alger.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf
Durée de garde à vue : 20 jours
Moyens de torture : Electricité, technique du chiffon, tabassage.
Complications : syncopes. Infection des plaies.
Observations : Incarcéré à la prison d’El Harrach (n° d’écrou :83 887) et condamné par le tribunal d’exception d’Alger à 9 années de réclusion)

79 – Djouaidia Mabrouk, 29 ans, demeurant à Ouallal (Souk Ahras) a été arrêté par les gendarmes de sa localité en 1996
Lieu de garde à vue : brigade de gendarmerie de Ouallal et centre de la SM de Blida (Haouch Chnou)
Durée de garde à vue : 68 jours : 8 jours à la brigade de gendarmerie et 60 jours à Blida
Moyens de torture : : technique du chiffon, coups de bâton, électricité.
Complications : fracture de la mâchoire.
Observations : Il fut transféré vers le centre de la SM avec cinq autres détenus Azzouzi Ahmed, Azzouzi Abdelkader, Mahmoudi Toufik, Mahmoudi Youcef, Abdelali Djillali. Ces derniers seront portés disparus depuis leur transfert.
Libéré après 68 jours de séquestration.

80 – Arab Malek, né le 23 août 1972, à Ouled Koriche (Alger), arrêté en mars 1997 à son domicile par des agents de la sécurité militaire. Ses poignets furent attachés avec du fil métallique puis fut jeté à plat ventre sur le sol sous le regard de ses parents. Il sera menacé de mort devant eux et l’un des agents tira une balle en l’air pour terroriser sa famille. Sa mère sera violemment agressée à coups de poings ainsi que sa fille âgée de 2 ans qui recevra de nombreux coups de poings. De nombreux ustensiles et meubles seront détruits par ces agents en furie selon le témoignage de la famille. Il sera emmené à moitié dévêtu. La mère terrorisée par les coups, les insultes et grossièretés, abandonnera avec ses enfants le domicile durant deux mois.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 30 jours.
Moyens de torture : Bastonnades, électricité sur lobes d’oreilles et appareil génital. Sodomisation avec barre de fer. Technique du chiffon et ingurgitation d’eau sale des WC.
Complications : Syncopes. Rectorragies abondantes. Troubles psychiques.
Observations : Incarcéré à la prison d’El Harrach. N° d’écrou : 86511. Salle 3A.

81 – Aouadi Mohamed, né le 28 octobre 1959, chauffeur de profession, a été arrêté le 9 mai 1997 à 20 heures par des policiers du PCO de Bouzaréah.
Lieu de garde à vue : PCO de Bouzaréah puis commissariat central d’Alger.
Durée de garde à vue : 40 jours + 25 jours.
Moyens de torture : menaces de mort par arme à feu, chiffon, chalumeau, épreuve de l’échelle, tabassage.
Complications : difficultés respiratoires, dorsalgies.

82- Zenina Abdelhamid, demeurant à Bab El oued. Arrêté en mai 1997 par des policiers de Bouzaréah.
Lieu de garde à vue : PCO de Bouzaréah.
Moyens de torture : épreuve de l’échelle, chiffon, chalumeau, coups par barre de fer.
Complications : œdème généralisé. Fractures de côtes.

83 – Benail Enalia, demeurant à Alger, marié et père de deux enfants, handicapé avec incapacité totale de 100%, arrêté à son domicile (Bidonville) par des policiers le 8 mars 1997.
Lieu de garde à vue : Commissariat de la cité El Hayat (Gué de Constantine).
Durée de garde à vue : 11 jours.
Moyens de torture : Bastonnades à son domicile. Technique du chiffon. Resté sans nourriture durant 7 jours.
Observations : Son épouse fut déshabillée frappée, insultée et menacée d’agression sexuelle devant lui par un policier prénommé Azzeddine.

84 – Benail Saïd, marié et père de deux enfants, demeurant à Alger, arrêté en même temps que son frère Enalia le 8 mars 1997 par des policiers.
Lieu de garde à vue : Commissariat de la cité El Hayat (Gué de Constantine)
Durée de garde à vue : 14 jours.
Moyens de torture : Tabassages, technique du chiffon. Resté sans nourriture durant 7 jours.
Observations : placé sous mandat de dépôt le 22 mars 1997 à la prison d’El Harrach (n° d’écrou : 86 336). Jugé et acquitté par le tribunal d’exception d’Alger le 19 février 1998.

85 – Barar Kamal, demeurant à Alger, arrêté le 16 septembre 1997 à son domicile par des policiers. Transféré dans un véhicule banalisé de type R19 au commissariat d’Hussein-Dey puis immédiatement après au commissariat des Anassers.
Lieu de garde à vue : Commissariat des Anassers.
Durée de garde à vue : 5 jours
Moyens de torture : Technique du chiffon, coups de pieds au visage, à l’abdomen et aux organes génitaux.
Complications : Plaies du cuir chevelu, plaie lombaire, contusions thoraco-abdominales.
Observations : Examiné par un médecin légiste qui lui accorda une incapacité temporaire de 13 jours. Présenté au tribunal d’Hussein-Dey où il bénéficia d’une relaxe.

86 – Takarli Mohamed Amine, demeurant à Alger, soigné pour troubles nerveux, a été arrêté à son domicile par des militaires le 6 décembre 1997.
Lieu de garde à vue : secret, non identifié par la victime.
Durée de garde à vue : 22 jours.
Moyens de torture : Electricité, technique du chiffon, fouetté avec un tuyau en caoutchouc, sévices sexuels.
Complications : Crises nerveuses avec syncopes.
Observations : Présenté au parquet le 28 décembre 1997 et incarcéré à la prison d’El Harrach (n° d’écrou : 90 808).

87- Arab Malek, demeurant à Alger, marié, a été arrêté en mars 1997 à son domicile par des nindjas et des civils armés. Il fut agressé physiquement devant sa mère, son épouse et ses enfants à son domicile. Sa mère fut violemment frappée par l’un des hommes armés. La victime fut déshabillée devant sa famille et des coups de feu furent tirés pour les intimider. Avant leur départ, les hommes armés cassèrent les meubles et la vaisselle qui étaient à leur portée et menacèrent la vieille mère d’incendier la maison.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf.
Durée de garde à vue : 30 jours.
Moyens de torture : Electricité, technique du chiffon, sodomisation par barre métallique, simulations d’exécution.
Complications : Syncopes, troubles psychiques et rectorragies abondantes ayant entraîné son évacuation et son admission à l’hôpital Mustapha.
Observations : Même après son arrestation, sa famille fut régulièrement harcelée par la police, ce qui l’emmena à quitter le domicile familial et à se réfugier chez des parents.
Incarcéré à la prison d’El Harrach (n° d’écrou : 86 511)

88 – Zemzoum Nawal, mariée et mère d’une fillette, demeurant à Alger, a été arrêtée à son domicile par des civils armés le 15 octobre 1997 et fut transférée à bord d’un véhicule banalisé de type Daewoo vers un centre de détention non identifié.
Lieu de garde à vue : non identifié
Durée de garde à vue : 25 jours
Moyens de torture : technique du chiffon, brûlures des mains avec des mégots de cigarettes, menaces de mort, menaces de viol.
Observations : libérée le 10 novembre 1997.

89. Branine Abdellatif, né le 19 novembre 1947, commerçant. Arrêté le 6 janvier 1997 à minuit à son domicile.
Lieu de garde à vue : Commissariat de Aïn Taya.
Durée de garde à vue : 60 jours dont 30 jours de Ramadhan.
Moyens de torture : technique du chiffon, électricité, attaché aux arbres durant 3 jours sous le froid et la pluie, utilisation du fer à repasser sur son thorax.
Complications : surdité, traumatisme oculaire, douleurs articulaires. Séquelles de brûlures thoraciques.
Observations : Il a été filmé alors qu’il était suspendu et que des fils électriques avaient placés sur ses orteils. La torture aura duré 22 jours.
Le magistrat instructeur refusera l’expertise médicale.

90 – Khellili Hakim, demeurant à El Harrach, fils de Me Khelili Mahmoud, militant des droits de l’homme. Arrêté le 4 février 1998 à son domicile ainsi que son frère Farid par une vingtaine de militaires et de policiers.
Lieu de garde à vue :Commissariat des Cinq-maisons (El Harrach)
Durée de garde à vue : 4 jours
Moyens de torture : bastonnades.
Complications : rechute de ses troubles mentaux.
Observations : sujet en traitement depuis plusieurs années pour troubles mentaux.

91. Boukhalf Mohamed, demeurant à Alger, a été arrêté le 18 août 1998 à son domicile ainsi que son épouse, sa fille, Khansa, âgée de 33 jours et son neveu Habchi Mouloud âgé de 10 ans par des gendarmes. Conduits à la brigade de Bab Djid (La Casbah). L’épouse, le bébé et l’enfant seront séquestrés durant 11 jours avant d’être libérés.
Lieu de garde à vue : brigade de gendarmerie de Bab Djid (La Casbah).
Durée de garde à vue : 24 jours
Moyens de torture : technique de la baignoire, sodomisation, introduction de la verge d’un tortionnaire dans la bouche de la victime pour ensuite uriner dedans. Arrachage de 7 dents avec une tenaille, menace de viol de son épouse, écrasement des pieds.
Complications : Traumatisme des pieds. Infection de la bouche.
Observations : les tortionnaires l’ont obligé à réciter de faux aveux devant une caméra qui le filmait. Forcé par ses tortionnaires à réciter le même scénario devant le magistrat sous peine de reprise des tortures. Présenté au juge le 13 septembre 1998 puis reconduit à la gendarmerie. Réfection d’un nouveau PV.
Incarcéré à la prison d’El Harrach. Son frère et sa sœur âgée de 16 ans auraient été tués.

92. Harim Mohamed, né le 23 septembre 1973 à Hussein-Dey, marié et père d’un enfant, habitant à El Harrach, arrêté le 16 octobre 1998 à la sortie de la mosquée par des policiers en civil.
Lieu de garde à vue : commissariat d’El Harrach (1 jour), centre des 3 caves (El Harrach) de la SM (2 jours), puis commissariat central.
Durée de garde à vue : non précisée
Moyens de torture : bastonnades sur les testicules, chiffon, menace de sodomisation, tentative de pénétration de la verge du tortionnaire dans la bouche du supplicié.
Complications : hématurie ayant nécessité son transfert à l ‘hôpital.
Observations : Incarcéré à la prison d’El Harrach. Une plainte a été déposée par la défense du supplicié contre les tortionnaires du commissariat central dont un certain officier Djamil Fassouli dit Jo, auteur de pratiques indécentes envers le supplicié, en présence de son épouse, fonctionnaire de police.

93. Amara Salim, né le 18 décembre 1972, célibataire, éleveur, demeurant à Bordj El Kiffan (Alger), arrêté à son domicile le 27 septembre 1998 à 1h 30 du matin par des policiers dont un certain  » Rocky « , venus à bord de Nissan de la police. Ils étaient accompagnés d’un indicateur dont le visage était caché par un pull.
Lieu de garde à vue : commissariat de Aïn Taya.
Durée de garde à vue : 09 jours
Moyens de torture : bastonnades, coups de pieds et de poings, technique du chiffon durant une semaine. Menaces de mort s’il revenait sur ses « aveux  » devant le juge d’instruction.
Complications : Epistaxis, douleurs thoraciques, pertes de connaissance au cours des séances de tortures.
Observations : Ses tortionnaires l’ont obliger à reconnaître des faits imaginaires selon un scénario qu’ils avaient établi puis a été filmé par un cameraman, racontant ses « aveux « .
Incarcéré à la prison d’El Harrach le 5 octobre 1998.

94. Kerchouche Mourad, kidnappé le 9 mars 1998 par quatre civils armés à la rue Bouamama, à Belfort (El Harrach) par des éléments de la SM de Dély Ibrahim. Jeté dans la malle d’une Peugeot 306 banalisée
Lieu de garde à vue : lieu secret.
Durée de garde à vue : 4 jours
Moyens de torture : chiffon, matraquage, menace d’utilisation de la chignole.
Complications : fractures de côtes, bronchite asthmatiforme.

95. Fodail Nassima, demeurant à Alger a été arrêtée en octobre 1999 par des policiers qui recherchaient son mari.
Lieu de garde à vue : non précisé
Durée de garde à vue : 10 jours
Moyens de torture : brûlures par mégots de cigarettes, bastonnades, technique du chiffon.
Observations : Libérée après 10 jours de séquestration et de tortures. A déposé plainte contre ses tortionnaires, restée sans réponse.

96. Medjnoun Malik, demeurant à Tizi-Ouzou, arrêté le 28 septembre 1999 près de son domicile à Tizi-Ouzou par des hommes armés de la SM.
Lieu de garde à vue : Centre de Châteauneuf (Alger).
Durée de garde à vue : 7 mois
Moyens de torture : Bastonnades, chiffon, flagellation.
Complications : Syncopes. Hospitalisé durant 28 jours à l’hôpital militaire de Blida.
Observations : Incarcéré le 2 mai 2000 à la prison de Tizi-Ouzou.

97. Chenoui Abdelhakim, demeurant à Tizi-Ouzou, maquisard repenti dans le cadre de la « concorde civile « , arrêté le lendemain de sa reddition, soit le 19 septembre 1999 à son domicile par la police.
Lieu de garde à vue : Chateauneuf.
Durée de garde à vue : 6 mois
Moyens de torture : électricité, chiffon, bastonnades, suspension par les coudes, sodomisation par manche à balai. Injection de produits chimiques.
Complications : perte de poids : de 86 kg à 58 kg, pertes de connaissance.
Observations : Il aurait été filmé « avouant  » avoir assassiné le chanteur Matoub Lounès.
Incarcéré à la prison de Tizi-Ouzou.

98. Redouane Dahmani, lycéen âgé de 15 ans, a été arrêté le 20 juin 2000 à Dellys (Boumerdès). Séquestré au poste de police de Dellys. Introduit dans une salle où se trouvait un malheureux citoyen en pleine séance de torture
Lieu de garde à vue : commissariat de police de Dellys
Durée de garde à vue : 8 jours
Moyens de torture : introduit dans une cellule, après l’avoir déshabillé, bastonnades, électricité, aux orteils et sur les parties génitales, technique du chiffon, projection de cendres incandescentes de cigarettes dans les yeux, flagellation par câble électrique, brûlures par mégots sur le visage.
Complications : hématémèse, syncopes.
Observations : Présenté devant le juge d’instruction le 28 juin 2000, en présence de ses tortionnaires. N’a pas osé parler des tortures subies.

99. Saâdoun Mokrane, 30 ans, étudiant à l’école d’ingénieurs, militant des droits de l’homme, arrêté le 7 juin 2000 à Tizi-Ouzou par des agents de la sécurité militaire. Séquestré dans une caserne militaire à Tizi-Ouzou. Torturé durant 6 jours.
Lieu de garde à vue : Caserne de Tizi-Ouzou.
Durée de garde à vue : 6 jours
Moyens de torture : Technique du chiffon, électricité
Observations : Incarcéré à la prison de Tizi-Ouzou. La sécurité militaire le soupçonnait d’activer sur le plan des droits de l’homme, en récoltant des informations sur les violations des droits de l’homme en Kabylie.

100 – Zaoui Saïd, 70 ans, demeurant à Dellys, ancien adhérant du FIS, arrêté le 7 février 2001, ainsi qu’une vingtaine d’autres citoyens, suite à une rafle opérée en représailles à l’explosion d’une bombe au passage d’une patrouille des services de sécurité
Lieu de garde à vue : non déterminé, la victime avait les yeux bandés.
Durée de garde à vue : indéterminée.
Moyens de torture : technique du chiffon, bastonnades, électricité.Voir appel

 

Conclusion

La torture, moyen de gestion politique de toute opposition citoyenne par un pouvoir venu par la force des armes depuis l’indépendance, a été généralisée et institutionnalisée depuis le coup d’Etat de janvier 1992.
Comme nous venons de le voir à travers des exemples précis, toutes les méthodes, des plus archaïques aux plus sophistiquées seront utilisées par les tortionnaires afin de punir et de terroriser les citoyens.
Il est important de signaler que l’atteinte à l’honneur par la pratique de sévices sexuels occupe une place importante chez nos tortionnaires psychopathes.
Cette pratique de la « question  » sera grandement encouragée par l’IMPUNITE dont jouissent ses auteurs. La nature du régime politique, la dépendance totale d’un appareil judiciaire aux ordres des « services « , la complaisance, pour ne pas dire la complicité de beaucoup de médecins légistes dans la couverture de ces actes ignobles, font que cette pratique a encore de beaux jours malheureusement en Algérie.
Seule une mobilisation de tous, société, militants des droits de l’homme et victimes de ces actes dégradants et inhumains, contre l’impunité de ses auteurs et commanditaires, pourra faire reculer cette bête immonde.