Régularisation des dossiers des prisonniers de la mutinerie de Berrouaghia

Régularisation des dossiers des prisonniers de la mutinerie de Berrouaghia

La reconnaissance de la qualité de victimes du terrorisme, des assassinés.

B. Neila, El Youm, 7 mars 2001(traduction de l’arabe: SES)

Des convocations ont été adressées dernièrement aux familles des prisonniers victimes d’une opération d’assassinat collectif à la prison de Berrouaghia (Médéa), qui a connu une mutinerie des détenus emprisonnés durant l’année 1994, quelques jours après les événements de Boughzoul Bakamar qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de soldats au cours de l’attaque de leur caserne.

La confrontation entre les prisonniers et les agents de la sécurité a provoqué la mort de plus de 200 détenus, dans leur majorité jugés dans des affaires de terrorisme, essentiellement assistance à groupes armés, les uns abattus par balles, les autres brûlés suite à l’explosion de grenades lancées sur les mutins. Certaines familles des victimes bénéficieront de permis d’inhumer délivrés par le tribunal de Médéa datés du 15 novembre 1994. Ainsi fut classé le dossier le jour-même.

Les sources d’information ont révélé que les familles des prisonniers ont reçu dernièrement des convocations de la part des tribunaux compétents territorialement qui les ont renvoyés devant la cour de Médéa, suite à quoi, la veuve d’une des victimes (BZ), habitant La Casbah, a reçu un télégramme n° 40 en date du 26 février 2001, l’invitant à se présenter au tribunal le jour-même où le procureur de la République lui a demandé de se rendre à la Cour de Médéa à l’effet de prendre connaissance du jugement du tribunal criminel, rendu le 1er janvier 1996 s/n 164/96 et de constituer un avocat afin d’accomplir les formalités nécessaires à la délivrance d’un document qui accorde à son défunt époux assassiné la qualité de victime du terrorisme. Ainsi, sa famille recevra une pension mensuelle ou une indemnité.

D’après notre source, cette opération concerne d’abord les familles des prisonniers assassinés contre lesquels aucune charge n’a été retenue quant à la mutinerie, soit directement, soit indirectement et ce, d’après les enquêtes qui ont donné lieu aux jugements définitifs courant 1996, autrement dit deux ans après l’événement.

Les familles concernées ont déclaré être satisfaites par cette procédure qui les a soulagées du poids des charges morales et matérielles. Elles considèrent leurs parents innocents et réellement victimes, qui auraient pu bénéficier de la loi de la concorde civile comme tant d’autres co-détenus vivants, en raison de la nature des inculpations qui leur sont imputées, si ce n’était la mutinerie.

Mais, certaines parties voient en cette opération un moyen de classer définitivement le dossier, surtout après que l’affaire Serkadji eut été de nouveau évoquée.

La prison de Berrouaghia fut l’objet de deux visites consécutives du CICR.

La régularisation de ce dossier coïncide aussi avec les préparatifs en cours de la Commission des droits de l’Homme de l’ONU en avril prochain.

L’Algérie essaie en sorte de blanchir son image à cette occasion et de convaincre du respect qu’elle voue aux droits de l’homme en créant dernièrement une commission consultative nationale des droits de l’Homme, et en régularisant des dossiers comme ceux des disparus, des prisonniers mutins afin de les reconnaître comme victimes du terrorisme et des dépassements.

 

 

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