Textile et cuirs : Le syndicat menace de recourir à des actions radicales

Textile et cuirs : Le syndicat menace de recourir à des actions radicales

El Watan, 17 décembre 2009

Dix mille employés licenciés depuis 2006, des entreprises qui ferment les unes après les autres, refus de dialogue de la part de la Société de gestion des participations Industries manufacturières (SGP IM) et du groupe Texmaco : le secteur du textile et cuirs se meurt en Algérie dans l’indifférence la plus totale.

C’est le constat alarmant sur lequel la Fédération nationale des travailleurs du textile et cuirs (FNTTC-UGTA) par la voix de son secrétaire général, Amar Takdjout, veut attirer l’attention des pouvoirs publics. La dissolution de l’Entreprise nationale de distribution des produits textiles (Enaditex) a été la goutte qui a fait déborder le vase. La FNTTC menace aujourd’hui de hausser le ton en recourant à des actions plus radicales si l’on n’apporte pas une réponse concrète à leurs doléances et pour dire basta aux fermetures d’entreprises et aux licenciements massifs. « Nous allons organiser dans les prochaines semaines des protestations, des arrêts de travail, des sit-in devant la SGP et la direction du groupe. S’il le faut, nous interdirons l’accès « à ces deux institutions, a averti M. Takdjout dans une conférence de presse animée au siège de l’UGTA. Le syndicaliste n’est pas allé de main morte contre les dirigeants de la SGP-IM et le groupe Texmaco qu’il accuse d’être à l’origine de « la léthargie et l’inertie » qui frappent l’activité. Ces responsables ont failli dans leur mission, estime-t-il. Ils sont, a-t-il poursuivi, aux antipodes du discours des pouvoirs publics empreints de patriotisme économique et de protectionnisme de la production nationale. « Nous assistons à une entreprise de prédation » orchestrée par « des managers autistes », a-t-il martelé. Ils sont, selon lui, plus enclins à fermer les entreprises en dégraissant les effectifs au fur et à mesure de trouver des solutions pour maintenir l’outil de production et par la même des milliers d’emplois. « L’indemnisation des 8000 travailleurs licenciés depuis 2006 a coûté 7 milliards de dinars alors que les dettes fiscales et parafiscales des entreprises concernées ne dépassent pas les 6 milliards de dinars. Si l’on avait utilisé l’argent des indemnisations pour redresser ces entités, elles seraient encore en activité et les salariés ne seraient pas au chômage », fera valoir M. Takdjout.

D’après lui, la fédération est sortie de ses gonds après avoir constaté que la SGP-IM et le groupe Texmaco refusaient de dialoguer tout en gagnant du temps, miroitant aux travailleurs des entreprises dissoutes des plans de restructuration dans le cadre desquels ils seraient repris. « C’est de la tromperie », dénonce-t-il. « La volonté d’aller vers la fermeture d’entreprises était de mise. Les infrastructures intéressent certaines personnes qui veulent s’en accaparer », a-t-il noté en soulignant que rien que pour l’Enaditex et Districh, la superficie du patrimoine dépasse les 200 000 m2. « Il faut changer les responsables qui ont une culture de désertification industrielle et ramener des personnes qui peuvent contribuer à la relance de l’économie nationale », a insisté le conférencier. « C’est possible que ces responsables soient des gens puissants nommés par certains cercles mais ils sont incompétents. Ils ont des avantages et ils sont inefficaces », a-t-il soutenu. Pour lui, ces dirigeants, qui, selon lui, ont toujours tourné le dos aux travailleurs, doivent rendre des comptes. « Le ministre de l’Industrie évoque la création de pôles d’excellence. Comment peut-on penser à fabriquer des voitures alors qu’on ne peut même pas fabriquer une chaussure », s’est-il interrogé.

Par Nora Boudedja