Un «atout» en main pour les travailleurs de la SNVI

Un «atout» en main pour les travailleurs de la SNVI

par G. O., Le Quotidien d’Oran, 20 janvier 2010

La suppression du dispositif réglementant et consacrant les départs à la retraite sans condition d’âge a été l’une des causes qui ont provoqué le bouillonnement dans la zone industrielle de Rouiba, dans la banlieue Est d’Alger.

Les travailleurs de la Société nationale de véhicules industriels (SNVI) se sont en effet, soulevés contre cette décision du gouvernement et lui ont demandé de la retirer. Au ministère du Travail, de l’Emploi et des Affaires sociales, on tient à rappeler que cette loi a été adoptée lorsque l’Algérie vivait sous le joug du Fonds monétaire international (FMI) dont les conditionnalités accompagnant le rééchelonnement de sa lourde dette et le redressement de son économie ont été désastreuses. L’épopée avait commencé en 1994 lorsque l’Algérie s’était retrouvée en cessation de paiement après que l’argent public ait été dilapidé ou versé dans les comptes de dignitaires avides et incultes. «A cette époque, nous n’avions pas un sou pour importer de la farine et faire le pain,» nous a avoué un ancien ministre des Finances. «Ils sont arrivés au pantalon,» avait murmuré un grand ponte à l’oreille de son protocole qui lui avait demandé de baisser le pantalon parce qu’il était retourné à la salle des négociations avec le FMI alors qu’il l’avait encore retroussé pour faire ses ablutions. Ce n’est qu’une blague. Une parmi tant d’autres que l’esprit populaire se plaît à composer dans les moments les plus tragiques de la vie de tout un peuple. Blague certes, mais elle traduit à elle seule les conséquences d’une gestion par le mensonge, l’incompétence et les tromperies, de tout un pays par des castes qui se sont érigées en commandeurs sans en avoir la trempe. Le pays a ainsi été bâti sur la suspicion et les règlements de compte, tournant le dos au développement, à la démocratie et à la modernité. Il n’a pas changé depuis.

Durant les années 90, les entreprises publiques avaient toutes été concernées par l’application de plans d’ajustement structurel dont les conséquences s’étaient traduites en premier, par la spoliation des droits des travailleurs. Ainsi, les institutions de Bretton Woods ont-elles voulu faire subir à l’Algérie qui avait dépensé les sous de ses hydrocarbures dans l’achat de broutilles à défaut de savoir les produire.

La décision du gouvernement de retirer le dispositif relatif au départ à la retraite sans condition d’âge n’a pas été admise par les travailleurs de la SNVI qui, de part l’évolution des choses, préfèrent garder cet «atout» en main au cas où le gouvernement décide subitement de fermer la SNVI ou de la vendre. Ils ont bien vu que tous les gouvernements qui se sont succédés depuis 1997 à ce jour n’ont pas réussi à mettre en eouvre les nombreuses mesures qui ont été prises pour le sauvetage de ce fleuron de l’industrie nationale.

Cette indolence des gouvernants ne peut être expliquée que par l’existence à leur niveau de velléités encore tenaces de casser le secteur public. En l’espace de 9 années, de 1997 à 2006, la SNVI s’est vue réduire ses effectifs de 13 523 à 7000 travailleurs. Elle a aussi été amputée de plus de 12 de ses unités commerciales. (Voir le Quotidien d’Oran du mardi 19 janvier 2010). Des sources crédibles avancent pour la période allant de 1997 à 2002, une réduction des effectifs de cette entreprise de l’ordre de 8 500 travailleurs. Les comptes ne sont pas toujours bons.

Peu importe le nombre de ses employés dans la mesure où il ne pèse aucunement sur l’hypothétique décision du gouvernement de sauver l’entreprise. Il est dit que les constructeurs étrangers qui négocient leur installation en Algérie conditionnent leur venue par sa fermeture ou par d’autres compressions de ses effectifs. Pour l’heure, on entend murmurer des hauts d’El Mouradia que le président de la République a émis un rejet catégorique à toute condition de ce genre.