Ouyahia et Zerhouni face aux enseignants

Trois commissions pour arrêter la grève: Ouyahia et Zerhouni face aux enseignants

par Salah C., Le Quotidien d’Oran, 7 mars 2010

Boubekeur Benbouzid, le ministre de l’Education nationale, qui s’exprimait hier à Alger lors d’une conférence nationale des directeurs de l’Education, n’est pas allé avec le dos de la cuillère, annonçant d’une part, que l’année scolaire en cours ne sera pas blanche et, de l’autre, que dorénavant c’est le gouvernement qui prend les choses en mains. Le ministre a déclaré qu’il n’était pas question de compromettre un droit constitutionnel consacré par le peuple algérien. Par conséquent, le gouvernement a souligné la nécessité de mettre fin à cette grève en qualifiant de suffisantes, voire consistantes, les augmentations de salaires accordées aux enseignants et dont la facture s’élève à 420 milliards de dinars. Tout en rappelant qu’il « est inconcevable de douter des décisions prises par le gouvernement », M. Benbouzid a réaffirmé que les augmentations annoncées en faveur des enseignants seront appliquées le mois de mars en cours avec des taux variant entre 29 et 33 %. Le ministre a notamment mis l’accent sur la détermination du gouvernement à « ne ménager aucun effort pour régler définitivement ce problème ».

En effet, trois commissions seront installées dans cet objectif. La première au niveau de la justice, présidée par le Premier ministre, la seconde composée de tous les walis et présidée par le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, alors que la troisième est constituée des secteurs de l’Education nationale et de la Fonction publique, en vue de résoudre les problèmes inhérents au remplacement des enseignants qui n’auront pas rejoint leurs postes de travail, après deux préavis, à compter d’aujourd’hui dimanche. Dans cette perspective, le représentant du gouvernement a annoncé la création de 50 000 nouveaux postes d’emploi au profit de licenciés dans l’enseignement et sans concours préalable. Ainsi, le gouvernement semble déterminé à user des gros moyens pour arrêter la protestation au niveau du secteur de l’Education afin d’éviter une année blanche. Par ailleurs, cette option était prévisible si l’on s’en tient à l’ébullition au sein même des établissements scolaires et notamment des classes de terminales, dont les élèves sont sortis dans la rue à plusieurs reprises pour dénoncer une situation dont eux seuls sont otages et voient leurs chances de réussite s’amenuiser en allant jusqu’à exiger l’annulation du programme du 3ème trimestre ainsi que le maintien des vacances de printemps prévues à partir du 18 du mois en cours. Concernant la grève en elle-même, on apprend de M. Attou, membre du bureau national du Cnapest, que le conseil national de ce syndicat se réunira demain lundi pour décider des suites à donner à cette grève.

Boubekeur Benbouzid faisant valoir une décision de justice allant dans le sens de la reprise des cours avait exigé mercredi dernier, dans un communiqué, des enseignants grévistes de « rejoindre immédiatement leurs postes de travail dans le but de sauvegarder l’intérêt bien compris des élèves et celui de prévenir toute dérive». Le ministère a en outre instruit «l’ensemble des chefs d’établissements scolaires de lancer dès dimanche prochain la mise en oeuvre des procédures réglementaires en vigueur en matière de relation de travail. En plus du retrait automatique sur le salaire et sur la prime de rendement de toutes les journées non travaillées, ces procédures consisteront en la constatation de l’abandon de poste pour toute absence enregistrée dès dimanche prochain, délai de rigueur, et la mise en oeuvre de la radiation des effectifs de la fonction publique, conformément à la réglementation en vigueur », indique le communiqué.

Les partis de l’Alliance présidentielle (FLN-MSP-RND) ont aussi appelé jeudi dernier les enseignants grévistes et les syndicats concernés à la reprise immédiate du travail pour «préserver le droit des élèves à l’éducation garanti par la Constitution». Les dirigeants des trois partis ont exprimé leur « soutien au gouvernement pour toutes les mesures qui seront prises pour sauver l’année scolaire et ce, dans le souci de préserver les droits de millions d’élèves qui constituent l’avenir de l’Algérie et en réponse aux aspirations des familles et de la société ».