Intersyndicale: Une grève sous haute surveillance

Intersyndicale: Une grève sous haute surveillance

par M. Aziza, Le Quotidien d’Oran, 15 février 2018

L’appel à la grève nationale d’une journée, lancé par l’intersyndicale, regroupant des syndicats autonomes de la fonction publique, a eu un écho favorable, selon les grévistes.

Ce mouvement de grève qui intervient dans un climat un peu tendu (grève illimitée du Cnapeste et le mouvement de protestation des médecins résidents) a été largement suivi dans certaines wilayas du pays, notamment dans le secteur de l’éducation, selon des syndicats. C’est ce qu’a indiqué, hier, le porte-parole de l’UNPEF, Bencherguia Djameia, au Quotidien d’Oran. Il a affirmé que le taux de suivi de la grève diffère d’une wilaya à une autre, en précisant que la wilaya de M’sila a connu « un taux atteignant 100 % », selon l’UNPEF.

Selon ce syndicat, « le taux moyen de suivi de la grève tourne autour de 70 et 80 % au niveau national ». Dans la wilaya d’Alger, à titre d’exemple, le taux de suivi dans la région ouest a atteint les 85,60 % et à la région Est, le taux a été évalué à 70 %. Pour ce qui est d’Alger centre, le taux de suivi de la grève n’a pas dépassé les 55 %.

Si l’intersyndicale est arrivée à paralyser certaines écoles et infrastructures publiques totalement ou partiellement, ce regroupement syndical a été empêché de tenir son rassemblement prévu devant la grande poste à Alger. Un cordon sécuritaire impressionnant a été mis en place tôt le matin à Alger. Et pour éviter toute surprise, tous les accès menant à Alger centre ont été bouclés par les forces de la police, empêchant tout regroupement de personnes dans les placettes et sur la voie publique. D’ailleurs, une vingtaine de personnes, notamment membres du syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) ont été arrêtés par la police, dont des femmes. Ils ont été retenus dans un fourgon de la police au 1er mai, puis transférés au commissariat de Bologhine. Le président du SNPSP, Lyes Merabet, a affirmé que lui-même a été empêché par les services de sécurité de se rendre au bureau de l’UNPEF, situé au 1er mai à Alger, et qui a été quadrillé par la police. N’ayant pu collecter l’ensemble des données sur le suivi de la grève dans le secteur de la santé, Dr Merabet a affirmé que la grève a été bien suivie par les praticiens de la santé.

A noter que l’encerclement des locaux de l’Unpef a été dénoncé par Bencherguia Djameia de l’Unpef, en précisant que les membres de l’intersyndicale ont juste appelé à un rassemblement régional et non pas national pour la wilaya d’Alger, près de la grande poste et non pas au siège de l’UNPEF. Et de préciser : « notre bureau devait seulement accueillir les membres de l’intersyndicale pour une réunion d’évaluation de la grève». Cet état de fait, précise-t-il, est en contradiction avec les déclarations du ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, qui a affirmé avant-hier, que les «portes du dialogue sont ouvertes et resteront ouvertes», en vue de trouver des solutions aux revendications sociales.

Le porte-parole du l’UNEPF a rappelé que les principales revendications de l’intersyndicale ayant trait aux menaces sur la liberté syndicale, la révision de la nouvelle loi sur la retraire et le refus du nouveau code du travail, ainsi que la sauvegarde du pouvoir d’achat des Algériens, n’ont trouvé aucun échos favorable auprès des autorités. Et de souligner que « le ministre de l’Intérieur affirme que les portes du dialogue sont ouvertes, mais les pouvoirs publics restent inaudibles à nos revendications, et ce, depuis deux ans ».

Les membres de l’intersyndicale se disent favorables à un dialogue avec le gouvernement pour la sauvegarde des acquis sociaux. « Dans le cas où les pouvoirs publics continueront à mépriser ou à ignorer les revendications des partenaires sociaux, on décidera d’autres actions dans les prochains jours, à l’issue de la réunion d’évaluation de cette journée de grève par l’intersyndicale, prévue samedi prochain », précise notre interlocuteur.