Célébration de la fête de l’enseignant : Place à la contestation

Célébration de la fête de l’enseignant : Place à la contestation

El Watan, 5 octobre 2009

Le 5 octobre est communément appelé « fête des enseignants ». Depuis quelques années, les éducateurs du monde entier célèbrent la Journée mondiale de l’enseignant qui revêt chez nous, il faut le dire, un cachet très particulier car elle coïncide également avec la célébration du 5 octobre 1988.

En Algérie, ce n’est pas l’aspect festif, ni cognitif qui retient l’attention en cette journée hautement symbolique, mais plutôt le côté revendicatif et combatif des travailleurs de ce secteur. Pour marquer de leur empreinte cette journée, les enseignants algériens notamment ceux affiliés à l’Intersyndicale autonome de la Fonction publique (IAFP) ont décidé d’organiser une journée de protestation avec arrêt de travail ponctuée par un rassemblement des cadres syndicaux devant le ministère de l’Education nationale. « Tous pour retrouver notre dignité », « Tous pour sauver l’école publique » tels sont entre autres les slogans répétés par les cinq syndicats (CLA, Cnapest, sections CNES, Satef, Snapap ainsi que les contractuels) regroupés autour de l’Intersyndicale. Ces organisations syndicales veulent à travers cette action de protestation rendre visible leur mécontentement. « Aujourd’hui, tous les regards sont braqués sur l’enseignant, l’ensemble des commentaires seront accès sur la place, le rôle, la mission de l’éducateur et sur l’avenir de l’école. En ce qui nous concerne, ce sont les conditions socio-professionnelles des enseignants qui retiennent l’attention », a expliqué Sadali, porte-parole du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef).

L’Intersyndicale a saisi donc cette opportunité pour tirer ainsi la sonnette d’alarme sur la situation précaire où se débattent les travailleurs de l’éducation. A l’unanimité, les enseignants ont dénoncé le contenu du statut décrété et imposé par le ministère de tutelle. Un statut dévalorisant et déclassant des pans entiers de travailleurs (adjoints d’éducation, ingénieurs, conseillers d’orientation…) et ce, en plus du pouvoir d’achat érodé, des conditions de travail intenables ainsi que la précarisation de la relation de travail (contractualisation) avec son lot de négations de droit. Face à cette situation, les syndicats n’ont même pas, selon leurs témoignages, les instruments pour recourir à la grève qui est pourtant un droit constitutionnel.

« Le droit à la grève est remis aujourd’hui en cause, par la machine judiciaire qui intervient à chaque fois pour suspendre nos actions de débrayage », observent les enseignants qui regrettent qu’en Algérie, au jour d’aujourd’hui, les libertés syndicales demeurent confisquées. « L’administration fait pression sur les grévistes sans omettre les menaces, les intimidations et les ponctions sur salaires auxquelles ils font face C’est pour toutes ces raisons que nous avons décidé de poursuivre notre lutte jusqu’à l’amélioration de nos conditions de travail », relève un syndicaliste qui a, en parallèle, rappelé le marasme dans lequel est enfoncée l’école algérienne : avec en premier lieu une réforme aléatoire, un déficit flagrant en moyens, une surcharge des classes et aussi l’emploi du temps des élèves. Par ailleurs, la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, regroupant plus de six syndicats de l’éducation, de la santé et de l’administration, a décidé de se réunir au courant de cette semaine pour arrêter la date de la grève. « Nous avons décidé avec nos amis de l’Intersyndicale de converger nos actions et d’aller vers une action de grande envergure afin d’exprimer notre désaccord de la politique que prône le gouvernement notamment en matière de négociations de salaires… », a soutenu M. Mériane.

Par Nabila Amir