Libye: la contestation gagne Tripoli

Libye: la contestation gagne Tripoli

NouvelObs, 21 février 2011

LE CAIRE (AP) — La contestation en Libye, qui concernait principalement jusqu’à présent l’est du pays, a gagné la capitale Tripoli dans la nuit de dimanche à lundi, où des témoins signalaient de violents affrontements ente forces de sécurité et manifestants.

Le fils du numéro un libyen Moammar Kadhafi, Seif al-Islam, a affirmé dimanche soir que son père avait le soutien de l’armée et se battrait jusqu’au bout, « jusqu’au dernier homme, la dernière femme, la dernière balle ».

Selon des témoins, opposants et forces de sécurité se battaient pour le contrôle du centre de Tripoli, notamment sur la Place Verte et aux alentours. Des tireurs embusqués ont ouvert le feu de toits, et des miliciens, à bord de véhicules ornés de photos du colonel Kadhafi, tiraient sur la foule au passage, ou renversaient des passants. Les témoins ont déclaré avoir vu des victimes, sans fournir de bilan précis.

« Nous ne sommes pas en Tunisie ni en Egypte », avait auparavant déclaré lors d’un discours à la télévision nationale Seif al-Islam Kadhafi, faisant allusion aux soulèvements qui ont conduit au départ des présidents Ben Ali et Moubarak. Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, reste « notre leader », a souligné son fils.

Kadhafi, a-t-il poursuivi, « mène la bataille à Tripoli, et nous sommes avec lui. Les forces armées sont avec lui. Ils sont des dizaines de milliers à venir ici pour être avec lui. Nous nous battrons jusqu’au dernier homme, jusqu’à la dernière femme, jusqu’à la dernière balle », a-t-il prévenu.

Lors de son discours d’une quarantaine de minutes, Seif al-Islam a affirmé que le nombre de victimes a été exagéré, et parlé d’un bilan de 84 morts. Il a affirmé que le régime était prêt à des réformes et une « initiative nationale historique ». Le mouvement de protestation, s’il se poursuit, plongera le pays dans la guerre civile, a-t-il menacé. L’armée, qui n’est « pas l’armée tunisienne ni égyptienne », contribuera à ramener l’ordre et « éliminer les poches de sédition ».

Dimanche, les forces de sécurité libyennes avaient ouvert à nouveau le feu sur des personnes assistant à des funérailles dans la ville de Benghazi, dans l’est de la Libye, au lendemain d’une journée déjà marquée par une sanglante répression du mouvement de contestation contre le régime de Moammar Kadhafi. Selon un médecin d’un hôpital de la ville, 60 personnes ont été tuées pour la seule journée de dimanche et au moins 200 au cours des derniers jours.

L’organisation internationale de défense des droits de l’homme Human Right Watch a de son côté fait état de 173 morts en trois jours, de jeudi à samedi, principalement à Benghazi, la deuxième ville du pays. Mais il reste difficile d’obtenir des bilans précis, les journalistes ne pouvant travailler librement dans le pays compte tenu de l’étroit contrôle exercé par le régime. AP