Gaza: Offensive diplomatique sur fond de massacres

Gaza

Offensive diplomatique sur fond de massacres

Par :Djamel Bouatta, Liberté, 6 janvier 2009

Appuyées par des navires de guerre, des F16 et des hélicoptères Apaches, les forces israéliennes poursuivent leur offensive terrestre contre les Palestiniens de Gaza, où étaient enregistrés, lundi dans la matinée, 524 morts en dix jours. Un massacre à huis clos, le commandement de l’armée israélienne ayant interdit la présence de journalistes sur le terrain, comme l’avait fait Bush lorsqu’il a envahi l’Irak. Les enfants palestiniens tombent comme des mouches dans une enclave sans électricité pour permettre aux militaires israéliens de commettre leurs forfaits la nuit. Israël n’a pas révélé combien de ses soldats étaient engagés à Gaza mais a rappelé des milliers de réservistes et s’attend à ce que l’opération dure “de longs, longs jours”, selon les termes d’un porte-parole de son armée. Les explosions n’ont pas cessé, un obus, dans la nuit de dimanche à lundi, tiré par un char a tué une mère et ses trois enfants dans leur maison du quartier de Zeitoun au cœur de Gaza. Peu après, sept civils, membres d’une même famille, ont été tués dans une attaque contre leur maison, dans les faubourgs de Gaza. Cynique, l’armée israélienne demande aux habitants de quitter leurs maisons pour “éviter d’être pris dans les combats”.
Mais il n’y a pas où se réfugier. Écoles, centres de santé et mosquées sont bombardés sous le prétexte que Hamas les utilise comme dépôts d’armes et postes de lancement de roquettes. Le massacre se poursuit depuis dix jours, et rien n’arrête la folie meurtrière d’Israël. Du moins jusqu’à ce que les États-Unis daignent dire cela suffit pour cette fois. Malgré cela, la communauté internationale donne l’impression de bouger. Au moins pour marquer le coup ! Des efforts diplomatiques se multiplient, avec notamment la présence dans la région d’une délégation européenne et la visite du président français. Nicolas Sarkozy a fait le déplacement bien qu’il ait été averti par la ministre des AE israélienne que son périple ne servira à rien, absolument à rien. Le président français est animé et par son ego et par le désir de redorer le blason de son pays. Son périple le mène successivement en Égypte, en Cisjordanie, en Israël, en Syrie et au Liban. Dans une interview dans les quotidiens libanais An Nahar, As Safir et l’Orient-Le Jour, Sarkozy condamne à la fois l’offensive israélienne à Gaza et les tirs de roquettes du Hamas contre Israël. C’est ce que l’on appelle couper l’orange en deux ! Sarkozy ne tient même pas compte de la disproportion. Quant à l’UE, les Palestiniens savent qu’ils n’en ont rien à attendre. Sa délégation était au Caire, première étape de sa tournée proche-orientale. Elle est dirigée par le ministre tchèque des AE, Karel Schwarzenberg, dont le pays assume la présidence de l’UE, qui a déclaré qu’Israël ne fait qu’exercer son droit de suite. Pour la Tchéquie, l’agression israélienne est une action “défensive” ! Il faut oser. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a annoncé qu’il rappelait à New York son envoyé spécial au Proche-Orient pour des consultations et a fait état de son inquiétude sur la situation humanitaire à Gaza ! Que peut-il quand le Conseil de sécurité ne se réunit que pour constater son inefficacité ?
Israël est à l’abri sous le veto des États-Unis. De son côté, Tony Blair, émissaire du Quartet des médiateurs proche-orientaux (États-Unis, Union européenne, Russie et Nations unies) est toujours au stade de discussions procédurières avec les autorités israéliennes. La secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice a, quant à elle, annulé une visite en Chine, invoquant la nécessité de rester à Washington pour suivre la situation dans la bande de Gaza. En fait, l’égérie de Bush est sur la voie de sortie comme son mentor mais aussi les États-Unis n’ont pas envie de se faire sermonner par la Chine. Le Hamas devait, pour sa part, annoncer qu’il enverrait une délégation dans la journée de lundi en Égypte pour des discussions diplomatiques, les premières de ce type depuis le début de l’invasion israélienne à Gaza. L’Égypte avait servi de médiateur dans la conclusion de la trêve de six mois entre Hamas et l’État juif, arrivée à expiration le 19 décembre.
Elle recherche à nouveau les moyens de parvenir à un cessez-le-feu. Israël a lancé son offensive, baptisée “Plomb durci”, le 27 décembre, invoquant la nécessité de faire cesser les tirs de roquettes sur le sud de son territoire en provenance de Gaza.

D. Bouatta