Des bombes au phosphore sur Ghaza

885 morts, dont 275 enfants, et plus de 3.620 blessés

Des bombes au phosphore sur Ghaza

par Salah C., Le Quotidien d’Oran, 12 janvier 2009

Avec l’usage des bombes au phosphore blanc, considérées comme une arme à destruction massive, l’armée israélienne a atteint durant ses derniers raids le paroxysme de sa barbarie. La révélation a été faite hier par le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, qui a accusé Israël d’avoir commis des crimes de guerre lors de son offensive militaire dans la bande de Ghaza. Selon l’AFP, le chef de la diplomatie syrienne qui animait une conférence de presse commune avec son homologue brésilien, Celso Amorim, a déclaré: «Israël a commis des crimes de guerre en tuant des femmes et des enfants, des secouristes, des journalistes et en utilisant des bombes au phosphore blanc».

L’utilisation par Israël de bombes au phosphore blanc, depuis le début de son offensive à Ghaza le 27 décembre, a été rapportée jeudi par le quotidien britannique The Times. Le journal dit avoir identifié des obus au phosphore blanc sur des photos de presse montrant des stocks de munitions de l’armée israélienne, prises la semaine passée à la frontière avec Ghaza.

Sur ces obus, apparaît la mention M825A1, désignant des bombes au phosphore blanc de fabrication américaine, selon le journal. L’armée israélienne utilise ces bombes pour créer des écrans de fumée sur le terrain, explique le Times. Le quotidien dit également détenir des preuves que des civils palestiniens ont été blessés par ces munitions, qui provoquent de graves brûlures. Le Times cite plusieurs membres des services de santé de la ville de Ghaza, qui disent avoir vu ou traité des patients dont ils soupçonnent qu’ils ont été victimes de ces bombes.

Selon l’AFP, le ministre syrien a également critiqué le Conseil de sécurité de l’ONU, qui a adopté jeudi la résolution 1860 appelant à un cessez-le-feu immédiat à Ghaza, en estimant que «le Conseil de sécurité aurait dû adopter une résolution contraignante sur un cessez-le-feu en vertu du chapitre VII, qui ferait état également des crimes de guerre commis par Israël». M. Mouallem s’est étonné que «cette instance internationale ne forme pas de commission d’enquête indépendante au sujet de ces crimes». Et de rappeler que «le chapitre VII de la charte de l’ONU donne au Conseil de sécurité un large éventail de moyens, y compris militaires, en cas de menace contre la paix». Au plan diplomatique et des tentatives de faire respecter le cessez-le-feu, M. Mouallem est revenu sur les initiatives tant de son pays que celle des Français, Turcs et Qatarie initiées pour parvenir à un cessez-le-feu, au retrait des forces israéliennes de ce territoire, à une levée du blocus et à l’ouverture des points de passage».

Sur le terrain, le bilan communiqué par les services d’urgence de Ghaza fait état de 885 Palestiniens tués, dont 275 enfants, et plus de 3.620 blessés depuis le 27 décembre. Une autre source médicale donne le chiffre de 886 morts et 3.698 blessés, au seizième jour des agressions sionistes contre ce territoire palestinien. Selon cette source, un raid mené, hier, par l’aviation militaire israélienne contre une maison à Beit Lahya, dans le nord du territoire, a tué deux femmes et quatre enfants. Par ailleurs, dans les quartiers de Tal al-Hawa et Cheikh Ajiline, à la périphérie sud de Ghaza-ville, dix corps ont été découverts dans des décombres à l’issue de violents combats qui ont eu lieu le même jour à l’aube. Selon une source hospitalière, la journée d’hier a été particulièrement meurtrière avec au total 24 Palestiniens tués, dont des femmes et des enfants, alors qu’une autre source avance le chiffre de 28. Deux policiers égyptiens ont été également blessés dimanche, non loin de la frontière, par des éclats de missiles lors de frappes aériennes israéliennes dans la bande de Ghaza, a annoncé un responsable des services de sécurité égyptiens. «Ils ont été blessés par des éclats de missiles lorsque l’armée de l’air israélienne a bombardé la zone frontalière», a-t-il déclaré, sans préciser la gravité des blessures. Cette intensification de l’offensive israélienne a été affirmée clairement à Tel-Aviv, où des sources militaires indiquent que l’aviation israélienne largue des milliers de tracts en arabe sur Ghaza-ville avertissant la population d’une prochaine intensification des opérations. A Ghaza, la ville martyre, les raids israéliens font rage et comme d’habitude, on prétexte à Tel-Aviv que c’est une riposte aux dizaines de roquettes lancées par les combattants du Hamas sur les territoires occupés. Une délégation du Hamas s’est rendue au Caire pour faire part aux autorités égyptiennes de ses remarques sur l’initiative de sortie de crise du président Hosni Moubarak. Son chef en exil à Damas, Khaled Mechaal, rejette toute négociation d’une trêve, tant que les forces israéliennes ne se retireraient pas du territoire palestinien. Dans la capitale de l’Etat sioniste, le Premier ministre Ehud Olmert a déclaré que l’offensive se rapproche de ses objectifs, mais se poursuivra. De son côté, son vice-ministre à la Défense, Matan Vilnaï, estime que la fin de l’offensive était proche. «La décision du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu ne nous donne plus tellement de marge de manoeuvre. Par conséquent, je suppose que nous sommes proches de l’arrêt des actions terrestres et de l’ensemble des opérations d’une manière générale», a-t-il déclaré.

Enfin et au plan humanitaire, la situation empire avec, comme il est affirmé à l’ONU, 25.000 personnes qui se sont réfugiées dans des centres d’accueil de fortune, installés dans des écoles ou des bâtiments de l’Agence pour l’aide aux réfugiés (Unrwa).