L’Algérie au menu d’un grand dîner au Quai d’Orsay

L’Algérie au menu d’un grand dîner au Quai d’Orsay

De Notre Correspondant A Paris : Rabah Yanis, Le Quotidien d’Oran, 6 septembre 2006

Les Français n’investissent pas assez en Algérie. Depuis quelques années, les Algériens dénoncent cette absence.

Et les responsables politiques français, embarrassés par la situation, promettent d’apporter des solutions. En vain. Malgré quelques initiatives dans l’agroalimentaire, l’automobile, la pharmacie, la banque ou plus récemment la grande distribution, les entreprises françaises semblent bouder le marché algérien. Ni les incitations financières de Paris (reconversion de dettes, actions au niveau de la Commission européenne pour dégager des crédits), ni les nombreuses visites de délégations du Medef international ou encore l’impressionnant programme de relance économique de 55 milliards de dollars du président Bouteflika n’ont réussi à faire évoluer favorablement la situation. Résultat: année après année, la position de la France en Algérie enregistre des reculs inquiétants.

Plus audacieux, les Asiatiques et les Américains renforcent leur présence au détriment des groupes français. Pour les autorités françaises, la situation prend les allures d’un échec diplomatique et commercial. Désormais, après le ministère de l’Economie, c’est au tour de la diplomatie française de s’impliquer directement dans la gestion de ce dossier. A côté de la délicate question des visas, les investissements constituent en effet l’un des points de crispation importants dans les relations difficiles entre les deux pays. Mais pas seulement: depuis quelques années, les diplomates français tentent d’imiter leurs homologues anglo-saxons. Les représentations françaises à l’étranger ne se contentent plus de leurs missions initiales. Elles tentent, par leur connaissance du terrain, de favoriser leurs entreprises dans l’obtention des contrats et les investissements. Dans ce contexte, selon nos informations, le ministre français des Affaires étrangères recevra à dîner, en octobre prochain, les dirigeants d’une trentaine de grands groupes français. C’est la première fois qu’une rencontre de cette importance est consacrée à un seul pays. Habituellement en effet, ces rendez-vous sont réservés à des zones géographiques composées de plusieurs dizaines de pays.

A cette occasion, Philippe Douste-Blazy va tenter de leur arracher des engagements fermes sur la question des investissements en Algérie. Le ministre ne manquera pas d’arguments pour les convaincre: avec plus de 60 milliards de réserves de change, l’Algérie est considérée comme un pays riche, la situation sécuritaire s’est nettement améliorée, le maintien d’un prix du baril de pétrole à des niveaux record mettra le pays à l’abri des mauvaises surprises financières pendant encore de nombreuses années et le marché algérien reste celui qui dispose du plus fort potentiel dans toute la région…

Prévue dans les prochains jours, l’annonce par le gouvernement algérien d’une nouvelle liste «d’entreprises intéressantes» à privatiser pourrait faciliter la tâche de Philippe Douste-Blazy.