L’Algérie et l’UE s’entendent sur un «partage des bénéfices»

EXPORTATIONS GAZIERES VERS L’EUROPE

L’Algérie et l’UE s’entendent sur un «partage des bénéfices»

Le Quotidien d’Oran, 4 janvier 2005

L’Algérie et l’Union européenne ont finalement trouvé un accord sur la question de la «clause de destination» qui a été supprimée par la «directive européenne sur le gaz», a déclaré hier le ministre de l’Energie et des Mines, M. Chakib Khelil.

« Nous sommes parvenus à un accord portant sur le partage des bénéfices» dans le cas où un client de l’Algérie viendrait à revendre du gaz algérien à un tiers, a annoncé Chakib Khelil. Par cet accord, attendu pour le premier trimestre de l’année précédente, les deux parties ont trouvé un moyen de contourner la directive européenne sur le gaz qui prévoit la suppression de la clause de destination dans les contrats d’achat de gaz auprès des fournisseurs, qui interdisait à tout client de revendre du gaz algérien à un tiers.

La proposition algérienne de partager les bénéfices a finalement été retenue par la commission européenne après plusieurs cycles de discussions qui ont débuté dans la deuxième moitié de l’année 2003.

L’Algérie ne cherchait pas le rétablissement de la clause de destination puisqu’elle l’a elle-même supprimée dans ses nouveaux contrats. La position algérienne était de trouver un compromis qui puisse mieux valoriser ses exportations gazières, mais également la «levée des entraves» au développement d’une véritable «liberté de circulation de l’énergie compatible avec les règles d’un marché ouvert, libre et transparent» comme cela est prévu par la Déclaration de Barcelone.

En engageant des discussions avec l’Union européenne, l’Algérie a montré «sa bonne volonté de continuer à jouer son rôle de fournisseur traditionnel et fiable de l’Europe, en s’adaptant aux nouvelles exigences et au nouvel environnement du marché gazier», avait déclaré Chakib Khelil lors de la Conférence ministérielle euro-méditerranéenne de l’Energie qui s’est tenue à Rome en décembre 2003. Tout en rappelant les efforts considérables réalisés par l’Algérie, notamment en matière de législation «qui répond aux exigences d’un marché ouvert et compétitif», le ministre de l’Energie avait, à cette époque, attiré l’attention de ses homologues européens sur «les entraves d’ordre technique ou plus subtilement d’ordre politique» qui vont à l’encontre de «la volonté affirmée par tous d’aller vers la mise en place d’un marché énergétique euro-méditerranéen intégré». Outre les problèmes liés à l’accès de Sonatrach au consommateur final européen, Khelil avait clairement évoqué les entraves à l’expansion du gaz algérien à la destination de l’Europe, posées par certains opérateurs européens qui veulent protéger leurs parts de marché «en fermant le jeu de la concurrence». «Alors que les clients finaux européens manifestent concrètement leur intérêt à s’approvisionner à partir de l’Algérie et que la compétitivité des coûts de transport est démontrée, l’on évoque dans ce cas, avait-il déclaré, la saturation des moyens de transport, le risque d’un excès de gaz et la protection de l’intérêt des opérateurs existants pour retarder la construction de nouvelles capacités entre l’Europe et l’Algérie. Cette position, contraire aux principes d’un marché ouvert, pénalise en fait le consommateur final qui, en dernier ressort, tire profit des situations d’abondance»..

Mohamed Mehdi