Les USA et l’UE se disputent les pays du Sud-Méditerranéens

Les USA et l’UE se disputent les pays du Sud-Méditerranéens

La guerre des programmes de développement

L’Expression, 16 février 2005

Cette initiative européenne s’ajoute à la liste des autres développées par les Américains dans la région.

Décidé à transformer la rive sud de la Méditerranée en modèle politique, économique et social particulier, l’Union européenne et les Etats-Unis se lancent dans une guerre féroce. Les programmes de séduction ne cessent de se multiplier. Le dernier en date est celui dénommé «la politique européenne de voisinage avec les pays de la rive sud de la Méditerranée». Le programme a fait l’objet d’une conférence hier, au Sheraton (Alger), animée par le président de l’unité «Maghreb Arabe» au niveau de l’Union européenne, Leonello Gabrici. Le trait novateur et principal de «la politique européenne de voisinage» tient à la flexibilité dans le partenariat. Elle a un caractère typiquement bilatéral : «Sans rien exiger au préalable, cette politique se fera avec les deux partenaires. En d’autres termes, il leur revient de définir leur menu politique et qui doit être le plus proche possible de l’évolution du pays et de sa dynamique interne». Pour mener à terme cette politique, des règles de travail seront instaurées. «Il y aura un organe de suivi et des structures institutionnalisées conjointes». Si de prime abord, l’Europe veut revisiter ses relations avec le Sud à travers cette initiative, il n’en est pas moins pour ses besoins stratégiques, sa stabilité et sa sécurité. «Le projet européen» a d’ailleurs fait l’objet d’une dure critique par l’ex-chef du gouvernement algérien, Smaïl Hamdani «Cette politique ne vise rien d’autre que le renforcement des frontières européennes. C’est au fait un ersatz du processus de Barcelone que j’adopte, je maintiens et dont je revendique l’application». Le conférencier précise que l’avantage de cette politique de voisinage «est de reprendre ce qui n’a pas fonctionné dans le processus de Barcelone d’une part, de l’autre, elle permet d’aller au-delà de la rhétorique et des fausses appréhensions qui existent d’un côté comme de l’autre». L’initiative européenne s’ajoute à la liste des autres développées par les Américains dans la région. Le «Grand Moyen-Orient» (GMO), et le programme alternatif l’«Initiative de Partenariat du Moyen-Orient» (MEPI) (Middle East Partnership Initiative) enclenché par G.W. Bush. Une véritable guerre par programmes interposés. La caractéristique est le pouvoir attractif (soft power) envers les autres pays arabes dont la plupart vassalisés dits modérés. Le «soft power» est la capacité d’atteindre les objectifs par la séduction et la persuasion ; il diffère du «hard power», qui est d’utiliser le bâton de la puissance économique et militaire afin d’amener les autres à suivre la volonté imposée plus que proposée.

B. TAKHEROUBT