Assurer à Sonatrach des parts du marché

Accord énergétique Algérie-UE

Assurer à Sonatrach des parts du marché

El Watan, 8 juillet 2013

C’est l’acte 1 de la mise en place d’un partenariat stratégique dans le domaine de l’énergie entre l’Algérie et l’Union européenne négocié depuis près d’une décade.

La visite à Alger du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a été mise à profit pour la signature, hier, d’un mémorandum d’entente sur ce même partenariat stratégique. Un accord qui devrait générer un certain nombres d’avantages pour les deux parties, selon Nazim Zouiouèche, ex-DG de Sonatrach. Du côté européen, l’accord en question insiste sur la sécurité des approvisionnements. Une question que les Européens ont à cœur et sur laquelle ils ont de tout temps mis l’accent. Dans ce sens, M. Zouiouèche rappelle que l’Algérie fait partie, aux côtés de la Russie et de la Norvège, des principaux fournisseurs en gaz naturel des Européens.

Aussi, l’UE, qui cherche toujours à diversifier ses approvisionnements afin de limiter sa dépendance au gaz russe, ne peut se passer, selon lui, du partenaire algérien. Il considère ainsi que l’intérêt que les Européens portent au gaz algérien est toujours aussi vif, même si ces derniers disposent d’une plus grande marge de manœuvre en raison du dynamisme du marché du gaz naturel liquéfié, notamment grâce à l’industrie gazière qatarie. Il nuance toutefois l’impact du GNL, estimant que sa commercialisation nécessite des investissements dans les terminaux de regazéification.

M. Zouiouèche insiste aussi sur le fait que les Algériens disposent d’un certain potentiel en GNL qui constitue une bonne partie de leurs exportations. L’ex-DG de Sonatrach rappelle, à ce titre, que la compagnie nationale des hydrocarbures exporte du GNL vers la France et vers la Grande-Bretagne via le terminal d’Isle of Grain. Il pense ainsi qu’au regard du potentiel dont dispose Sonatrach en matière de GNL et des tensions sur les marchés européens, celle-ci devrait étendre son marché vers l’Asie, où les prix du gaz permettent une plus grande marge de manœuvre et de commercialiser du GNL à des prix très compétitifs.

En attendant, M. Zouiouèche estime également que la mise en place d’un partenariat stratégique dans le domaine de l’énergie avec l’Union européenne permettra au moins d’assurer des parts de marché pour le gaz algérien en Europe.
Néanmoins et en raison des tensions actuelles sur les prix du gaz sur le marché européen, notre interlocuteur pense que les Algériens devraient mettre à profit ce partenariat pour défendre les contrats à long terme. Il pense aussi que l’accès de Sonatrach au marché européen et la commercialisation directe du gaz au consommateur final seraient aussi un angle intéressant et profitable pour la compagnie nationale.

Il rappelle d’ailleurs que Sonatrach a déjà signé des accords en ce sens et qu’elle dispose de sociétés de commercialisation en Espagne et en Italie. Rappelons que le mémorandum d’entente signé hier porte sur la sécurité des approvisionnements à l’UE et la garantie de parts de marché pour l’Algérie qui fournit déjà 13 à 16% des besoins européens en gaz. Il porte également sur la coopération dans l’industrie énergétique, les énergies renouvelables et les énergies fossiles conventionnelles. Il consacre aussi un volet au transfert de technologies, l’expertise et le management.
M. R.