Les partis du pouvoir font bloc derrière Bouteflika

Pour faire face à l’opposition

Les partis du pouvoir font bloc derrière Bouteflika

El Watan, 19 novembre 2014

Pour faire «bloc» contre une opposition de plus en structurée, les partis du pouvoir s’organisent. Ils se préparent à donner une «réponse unie» à l’opposition qui réclame de plus en plus une période de transition.

Comme pour donner corps à cette initiative, Amar Saadani, secrétaire général du FLN, a accueilli, chez lui, son homologue du Mouvement populaire algérien (MPA). Officiellement, il n’y a rien de concret dans l’ordre du jour d’une rencontre qui se veut juste «une concertation sur les partis qui soutiennent le président de la République» et «sur les partis de l’opposition». Amara Benyounès a refusé d’aborder la question sous cet angle, son «ami» du FLN est allé plus loin. «Nous allons travailler sur deux fronts. Le premier servira à rassembler tous ceux qui soutiennent le président de la République. Ensuite, nous allons ouvrir nos bras à l’opposition», a-t-il assuré avant de s’étaler sur une longue présentation de «l’opposition qui fait des propositions». «Avec l’opposition, nous pouvons discuter de la conduite des affaires économiques, de la culture et même de la politique. Mais il y a une ligne rouge à ne pas franchir : la légitimité du président de la République n’est pas discutable. Et puisque seul le fauteuil du président de la République intéresse ces partis, ils doivent attendre 2019», date théorique de la prochaine élection présidentielle.

«L’opposition est dans son rôle de critiquer le pouvoir. Nous sommes également dans notre rôle de défendre le président de la République, notamment dans cette période particulière», indique pour sa part Amara Benyounès. Ce dernier rejette, en revanche, les propositions émanant de «personnalités nationales». «Dans tous les pays du monde, la politique est une affaire de partis, pas de personnalités. Celui qui veut faire de la politique n’a qu’à fonder un parti», dit-il. «L’opposition est le sel de la scène politique», enrobe, pour sa part, Saadani.

Si les deux leaders ont encensé diplomatiquement le FFS, ils prennent, par petites doses, leurs distances de la proposition de ce dernier. «Nous n’avons rien conclu avec le FFS. Nous avons discuté avec ce parti. Mais nous remarquons qu’au lieu de discuter avec les formations politiques, il discute avec tout le monde. Cela n’engage que ses dirigeants», explique Saadani. «Le FFS est un parti souverain. Ses initiatives n’engagent que ses dirigeants», ajoute Benyounès.Les deux chefs de parti, qui promettent de se rencontrer à nouveau prochainement, annoncent des rencontres avec les partis du pouvoir. Mais aucune échéance n’est précisée.

Saadani annonce une «proche» révision de la Constitution

«La révision de la Constitution aura lieu très prochainement et par voie parlementaire», a indiqué Amar Saadani, secrétaire général du FLN, hier en marge d’une rencontre avec le secrétaire général du MPA, Amara Benyounès. Saadani n’en dira pas plus. Mais lors de la conférence de presse qu’il a animée avec son invité du jour, il a insinué que le retard pris dans la promulgation du nouveau texte fondamental est de la responsabilité de l’opposition. «Le président de la République a fait appel à l’opposition pour doter le pays d’une Constitution consensuelle. Mais l’opposition a tout fait pour donner au pays une Constitution paralysée», accuse-t-il.
Par ailleurs, le secrétaire général du FLN a confirmé qu’un «remaniement ministériel aura lieu dans les prochains jours» sans en préciser le délai ni le contenu.

… et s’attaque à El Khabar

Amar Saadani s’est attaqué, avec virulence, au journal arabophone El Khabar. A une réponse au journaliste de ce quotidien qui lui a demandé si le FLN ne reconnaît pas l’existence d’une crise dans le pays, Saadani a répliqué : «La crise existe dans vos pages et vous le constatez chaque jour. Je parle uniquement d’El Khabar. Si vous (responsables de ce journal) voulez faire de la politique, vous n’avez qu’à créer un parti. Vous devez savoir que vous faites du tort au pays (…), mais les lecteurs, eux, savent distinguer un journal crédible d’un autre», a-t-il dit visiblement outré. «Rapportez la vérité, rien que la vérité», a-t-il ajouté à l’adresse du journaliste, sous les regards ahuris des présents. (Ali Boukhlef)

Ali Boukhlef