Londres accepte de livrer le financier du gia à Paris

RACHID RAMDA EXTRADABLE

Londres accepte de livrer le financier du gia à Paris

Le Quotidien d’Oran, 9 juin 2005

Après dix ans d’attente, les Français peuvent jubiler à l’idée de récupérer l’Algérien Rachid Ramda, le financier des attentats du GIA à Paris en 1995. Même si ce terroriste a un dernier droit de recours, l’extradition décidée par Londres clôt la procédure sur les attentats de Paris.

Le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière est, probablement, aujourd’hui, un magistrat heureux. Rencontré en mars 2005 dans un restaurant parisien, le juge français nous avait confié son agacement de constater que Londres détient toujours Rachid Ramda, le chaînon manquant des réseaux parisiens du GIA, que la Grande-Bretagne a refusé d’extrader vers la France depuis 10 ans.

Au terme d’une bataille procédurale complexe dont seule la justice britannique a le secret, Rachid Ramda s’est vu notifier une extradition par le ministre britannique de l’Intérieur, Charles Clarke. Arrêté à 25 ans, Ramda a croupi dix années dans une prison londonienne, profitant des divers recours introduits par ses avocats.

Déjà, en juin 2002, la première procédure d’extradition a buté sur le refus du tribunal de Londres de le livrer à Paris, estimant qu’il pouvait être victime de «brutalité policière», ce qui a provoqué une vague d’indignation française.

Malgré les preuves accablantes, Ramda n’est pas prêt pour autant de rejoindre une prison française. Policiers britanniques et français ont pourtant réuni tous les éléments qui l’accusent, allant des fonds de l’ordre de 5.000 livres (38.000 francs) qu’il avait envoyés au chef du réseau du GIA à Paris, Boualem Bensaïd, à travers la Western Union, jusqu’aux écrits du GIA évoquant les attentats de Paris en 1995, saisis à son domicile londonien.

Parmi cette littérature, les enquêteurs ont mis la main sur le fameux texte de Djamel Zitouni, alors émir national du GIA, datant du 27 août 1995, dans lequel il lance un ultimatum à Paris et demande à Jacques Chirac de se convertir à… l’Islam. Les écoutes téléphoniques ont également établi que Ramda téléphonait régulièrement à Boualem Bensaïd, mais également à Ali Touchent, considéré comme le cerveau des attentats parisiens. Si Bensaïd a été jugé récemment et condamné à la réclusion à perpétuité, Touchent avait été abattu lors de la tentative d’interpellation à Alger début 1996.

Les attentats financés par Ramda, notamment ceux du RER Saint-Michel, avaient fait 8 morts et 150 blessés et soulevé l’indignation des associations de victimes, dont SOS Attentats de François Rudetzki qui a indiqué, hier à l’agence Reuters, que «c’est important pour les victimes qui voudraient solder le dossier judiciaire. Mais nous sommes prudents, le système judiciaire anglais lui autorise un recours et les délais pour le voir venir à Paris risquent d’être encore très longs».

La presse française, sourcée par les services français, avait même avancé l’explication du retard mis dans ce dossier d’extradition par le fait que Rachid Ramda a passé un deal avec les services anglais du MI-5, échangeant un emprisonnement en Angleterre contre des renseignements sur les filières afghanes d’Al-Qaïda à Londres. Ramda est arrivé à Londres en 1993, depuis le Pakistan, sous l’identité d’Elias Serbis.

Mounir B.