Le RCD dénonce une justice aux ordres

Refus d’enregistrement des plaintes contre Ouyahia et Bouteflika

Le RCD dénonce une justice aux ordres

El Watan, 1er septembre 2009

Un président de la République et un Premier ministre ne peuvent être poursuivis en justice en Algérie. C’est du moins ce qu’on peut comprendre à travers le refus d’enregistrement de plaintes du RCD contre les deux hauts responsables.

Selon un communiqué publié hier sur le site internet du parti, le tribunal de Bir Mourad Raïs a refusé, en effet, d’enregistrer deux plaintes du RCD contre le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et le président-candidat à l’élection présidentielle du 9 avril dernier, Abdelaziz Bouteflika. Le parti de Saïd Sadi, rappelons-le, a voulu porter plainte contre Ahmed Ouyahia pour diffamation suite à ses déclarations faites durant la campagne électorale pour la présidentielle du 9 avril 2009 dans lesquelles il a traité de « traîtres » les partisans du boycott. La deuxième plainte contre Abdelaziz Bouteflika concerne l’« abus des biens de l’Etat pendant la campagne électorale pour la présidentielle ». Les plaintes sont, semble-t-il, rejetées avant même d’arriver devant le juge, seul habilité à décider de leur recevabilité.

« C’était dimanche dernier. Les dépôts de plaintes allaient être normalement traités quand surgit un fonctionnaire qui arrête l’opération, arguant du fait que l’identité et les fonctions des personnes concernées nécessitaient des consultations avant de savoir s’ils étaient accessibles à des poursuites judiciaires », affirme Mohcène Belabbas, chargé de la communication du RCD. Ce refus confirme, selon le communiqué du RCD, que l’indépendance de la justice algérienne demeure un simple discours très loin de la réalité du terrain. « Les Algériens ne se sont jamais fait d’illusion sur l’indépendance et la performance de la justice de leur pays. Les coups de téléphone occultes instruisant les magistrats sur les décisions à rendre, au mépris de l’instruction, dans les dossiers sensibles, les sollicitations obliques subies par le justiciable et les délais interminables accablent des familles, des chefs d’entreprises ou des citoyens demandant à être rétablis dans leurs droits », estime le parti de Saïd Sadi. Le RCD dénonce, dans le même sens, le refus opposé à un parti légal « d’en référer à la justice pour cause de notabilisme ». Pour Mohcène Belabbas, le parti ne se décourage pas. « En attendant de voir l’Algérie accéder à un fonctionnement éthique de la justice, les Algériens peuvent compter sur le RCD pour en dénoncer inlassablement les dérives », lit-on dans le même communiqué.

Par M. M.