«Hacène Hattab n’est pas en prison»

LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE ET DE LA RÉINSERTION L’A DÉCLARÉ

«Hacène Hattab n’est pas en prison»

L’Expression, 23 Juin 2008

Dans une déclaration du 10 novembre 2007, le ministre de l’Intérieur avait affirmé que le dossier n’a pas encore été remis au ministère de la Justice.

Le tristement célèbre Hacène Hattab ne figure pas parmi les 59.000 détenus que contiennent les prisons algériennes. C’est ce qu’a affirmé, hier, Mokhtar Felioune, directeur général de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion, lors d’une conférence-débat tenue au siège du quotidien El-Moudjahid. La déclaration de M.Felioune nous amène à nous poser plusieurs questions: Hacène Hattab a-t-il été mis hors d’état de nuire lors de différents ratissages des forces de l’ANP sans qu’il soit identifié? Est-il écroué dans une prison militaire? Est-il toujours actif dans des maquis? Ou alors, a-t-il quitté le territoire national? Des questionnements que même le patron de l’administration pénitentiaire ne peut élucider. Les déclarations des officiels à ce sujet ont-elles à ce point manqué de précisions?
En effet, depuis le report de son procès, en novembre 2007, aucune indication n’a filtré sur l’ex-émir du Gspc. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, n’a soufflé mot sur Hassan Hattab. Interpellé à plusieurs reprises sur le sujet, Tayeb Belaïz avance toujours la même antienne: «Vous avez la réponse du ministre de l’Intérieur.» Le ministre de l’Intérieur a affirmé le 10 novembre 2007 que le dossier n’avait pas encore été remis au ministère de la Justice. «Nous en sommes encore au stade de l’enquête préliminaire au niveau des services de sécurité», avait précisé M.Zerhouni.
Le ministre de l’Intérieur avait également expliqué que l’ancien responsable du Gspc était aussi impliqué dans un certain nombre d’affaires terroristes. «Hattab n’est pas en fuite», a tenu à souligner M.Zerhouni. Confirmant ainsi ses déclarations antérieures, selon lesquelles l’ex-émir du Gspc s’était rendu aux autorités. Et de préciser toutefois qu’il sera remis à la justice «au moment opportun».
Or, plus de deux mois après ces déclarations, aucune information supplémentaire n’a filtré sur l’ancien chef du Gspc. Selon M.Zerhouni, Hattab s’est rendu aux services de sécurité le 22 septembre 2007. Son procès, prévu le 4 novembre 2007, a été reporté sine die. Malgré les clarifications du ministre de l’Intérieur, ce dossier renferme beaucoup de «zones d’ombre». A propos du report du procès de l’ex-chef du Gspc, le président de la cour d’Alger avait affirmé qu’il est dicté par la nécessité de compléter les procédures d’instruction concernant les accusés en fuite. «S’il n’y a pas une preuve physique, la capture de Hassan Hattab relèvera toujours de l’onirisme.» Catégorique a été la déclaration du procureur général qui n’a eu de cesse de répéter qu’aucune preuve concrète n’existe au niveau de la cour d’Alger quant au cas Hattab. «On ne juge pas les gens en lisant ce qui se rapporte par la presse.» 33 jugements par contumace ont été prononcés à l’encontre de cet individu par les tribunaux criminels de Tébessa, d’Alger, de Tizi Ouzou et de Boumerdès, rappelle-t-on. Les peines prononcées vont de 20 ans d’emprisonnement, à la peine capitale. Ces jugements, selon certains hommes de loi, n’ont aucune valeur puisqu’ils sont basés sur des témoignages de personnes appartenant au même groupe terroriste que lui. Ces jugements ont été prononcés en l’absence de l’inculpé. Le procès de Hattab demeure un mystère! Concernant le dossier des 27 détenus algériens du camp militaire de Guantanamo, M.Félioune a démenti les déclarations de Sandra Hodgkinson, responsable adjointe des détenus au département de la Défense américain (DoD).
Dans une récente interview au quotidien The Miami Herald, elle déclarait que «les Algériens ont simplement décidé qu’ils ne voulaient pas accepter un retour des détenus des Etats-Unis. C’est décourageant!» Tout en évitant d’aller au fond des choses, le conférencier a précisé que «les ministères des Affaires étrangères et de la Justice travaillent d’arrache-pied pour trouver une solution au cas de ces détenus» L’invité du forum d’El-Moudjahid a dressé un bilan de la réforme pénitentiaire. Il a parlé de la dotation de l’ensemble des établissements de véritables structures sanitaires. M.Felioune a évoqué la création de 96 quartiers spéciaux pour détenus malades au niveau des hôpitaux. Il a affirmé, par ailleurs, que les crédits relatifs à l’acquisition des produits pharmaceutiques ont été augmentés de plus de 300%. Les effectifs des personnels médicaux et paramédicaux ont aussi augmenté. Selon le premier responsable des pénitenciers, leur nombre est passé de 307 en 2002 à celui de 1 202 employés en 2008.

Abbas AÏT HAMLAT