Boualem Bensaïd condamné à perpétuité pour les attentats de 1995 à Paris

Boualem Bensaïd condamné à perpétuité pour les attentats de 1995 à Paris

Le Monde, 27 novembre 2003

Les neuf magistrats de la cour d’assises spéciale de Paris ont suivi les réquisitions de l’avocat général Yves Jannier, qui avait estimé mercredi que l’accusé était le « chef de guerre » en France du Groupe islamique armé (GIA) algérien.
L’islamiste algérien Boualem Bensaïd, 36 ans, a été condamné en appel jeudi 27 novembre à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans par la cour d’assises spéciale de Paris pour sa participation à trois attentats commis en 1995 à Paris (8 morts et quelque 200 blessés) et revendiqués par le Groupe islamique armé (GIA). La cour a confirmé en appel le verdict rendu le 30 octobre 2002 par une première cour d’assises spéciale.

Boualem Bensaïd a été reconnu coupable d’avoir posé les bombes qui ont explosé dans le métro express régional (RER) à Saint-Michel, en plein Quartier latin, (25 juillet, 8 morts, 150 blessés), près du métro Maison-Blanche (6 octobre, 18 blessés) et dans le RER à Musée-d’Orsay (17 octobre, 30 blessés).

Certaines des victimes de cet attentat et leurs proches ont pleuré de joie quand le président Yves Jacob a indiqué que la cour déclarait Boualem Bensaïd coupable de Saint-Michel en tant qu’auteur. « Nous sommes très contents », a déclaré à l’issue de l’audience Jean-Claude Brocheriou, père de Véronique, décédée. Bensaïd « avait fait appel remuant pendant un an le couteau dans notre plaie et faisant le guignol dans le box pendant un mois », a-t-il ajouté.

« Dieu est grand ! Allah Akbar ! C’est une décision misérable », a crié de son côté Bensaïd, avant d’être évacué de la salle d’audience.

Les neuf magistrats ont suivi les réquisitions de l’avocat général Yves Jannier, qui avait estimé mercredi que l’accusé était le « chef de guerre » en France du Groupe islamique armé (GIA) algérien.

Parlant de « carnage », de « boucherie », de « massacre », l’avocat général Yves Jannier a estimé que la cour ne pouvait pas « prendre une autre décision que la peine maximale », la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans, pour avoir posé des « bombes faites pour tuer, blesser, déchiqueter et brûler un maximum de gens ».

COUPABLE ET NON COMPLICE

Mais contrairement à ce qu’avaient décidé les premiers juges, l’avocat général a requis que l’accusé soit reconnu coupable d’avoir été le ou l’un des poseurs de la bombe qui a explosé à Saint-Michel (25 juillet, 8 morts et 150 blessés), et non simplement un complice.

Selon l’accusation, l’un des éléments de preuve réside dans un papier retrouvé sur Bensaïd. Ce papier avait été analysé par les enquêteurs comme un « repérage » codé et chronométré du parcours du RER B mais pour le magistrat il s’agit d’un « pense-bête », c’est-à-dire un « repérage » fait par Bensaïd et pour lui-même, ce qui prouverait qu’il est bien l’auteur de l’attentat de Saint-Michel. En effet, selon M. Jannier, si les noms des stations de métro et de RER sont écrits en abrégé, ce n’est pas pour les coder mais par facilité puisque Bensaïd sait, en les écrivant, que c’est lui qui les utilisera.

Emprisonné depuis novembre 1995, Boualem Bensaïd purge deux autres peines de dix ans de prison et de trente ans de réclusion criminelle, prononcées pour d’autres faits en rapport avec la campagne d’attentats d’il y a huit ans.

En première instance, il n’avait été condamné que comme complice de Saint-Michel et pas comme auteur principal. Ce verdict est donc conforme aux réquisitions de l’avocat général.

Avec AFP et Reuters