Affaire Khaled Nezzar: Alger entame des démarches prudentes et discrètes auprès des autorités suisses

Affaire Khaled Nezzar

Alger entame des démarches prudentes et discrètes auprès des autorités suisses

Hadjer Guenanfa et Samir Allam, TSA, 13 août 2012

Loin des réactions publiques et déterminées qui ont suivi l’arrestation, en août 2008, du diplomate Hasseni en France, Alger vient d’entamer des démarches prudentes et discrètes auprès des autorités suisses pour protester contre la décision de la justice de ce pays dans l’affaire Khaled Nezzar, ont indiqué ce lundi 13 août des sources gouvernementales algériennes, confirmant ainsi les informations rapportées par le quotidien arabophone Ennahar. Selon nos sources, l’ambassadeur de Suisse à Alger n’a pas été convoqué. Il a été destinataire d’une correspondance. Pour sa part, l’ambassade d’Algérie à Berne a effectué des démarches officielles auprès des autorités suisses. Des démarches dont on ignore la teneur.
Le 31 juillet dernier, le Tribunal pénal fédéral (TPF) a jugé que le général-major à la retraite Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense nationale, ne bénéficie pas d’une immunité pour des actes commis durant son mandat, rendant possible un procès en Suisse. Cette décision intervient après une plainte déposée par l’ONG Trial. M. Nezzar avait été placé en garde à vue en octobre 2011 pendant 36 heures en Suisse après une dénonciation de l’association suisse et deux plaintes déposées par des supposées victimes des années noires du terrorisme.

La décision du tribunal suisse a suscité plusieurs réactions d’indignation parmi les organismes et les partis politiques proches du pouvoir, à l’image d’Abdelmadjid Sidi Saïd, Farouk Ksentini, le FLN et le MPA d’Amara Benyounès. Mais malgré les appels de ces partis et personnalités à une réaction officielle, le gouvernement reste prudent. Plusieurs choses peuvent expliquer cette prudence qui tranche avec l’audace qui avait caractérisé la gestion du dossier Hasseni.

D’abord, contrairement à la France, la Suisse est très peu sensible à des « pressions » algériennes. Les relations entre Alger et Berne ne sont ni aussi intenses ni aussi sensibles que celles entretenues avec Paris. Ensuite, l’affaire Hasseni l’a démontré : des pressions sur les pouvoirs politiques n’ont que très peu d’impact sur les décisions de justice. Bien au contraire, elles peuvent rendre les procédures encore plus longues. Enfin, le cas Nezzar est plus délicat que celui de Hasseni. Les accusations portent sur une période très sensible de l’histoire récente de l’Algérie. Elles touchent aussi à un tabou : le rôle de l’armée dans la vie politique algérienne et sa responsabilité dans la décennie noire du terrorisme.