Il y a suffisamment de foncier pour construire 2,8 millions de logements

Le ministre de l’Habitat devant la commission nationale de gouvernance

Il y a suffisamment de foncier pour construire 2,8 millions de logements

par Safia Berkouk, Le Jeune Indépendant, 1 décembre 2005

Les ressources foncières, actuellement disponibles, peuvent permettre de créer quasiment le triple du nombre de logements à réaliser dans le cadre du programme quinquennal portant sur la construction de un million de logements. Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, M. Mohamed Nadir Hamimid, a indiqué que le foncier recensé est estimé à 94 000 hectares et peut permettre de réaliser 2,8 millions de logements, soit l’équivalent de 30 unités par hectare.

M. Hamimid était, au même titre que d’autres ministres, auditionné, hier au palais des Nations, par la commission nationale de gouvernance, mise en place dans le cadre du mécanisme africain d’évaluation par les pairs. Le but de ces auditions est de prendre connaissance des programmes à réaliser par chaque département ministériel dans le cadre du plan quinquennal de consolidation de la croissance 2005-2009.

Le ministre de l’Habitat a toutefois nuancé ses propos, affirmant que ce foncier n’est pas disponible dans toutes les wilayas et communes. Le programme de un million de logements sera réalisé dans les délais Ainsi, «86 communes ont des contraintes de disponibilité foncière et 24 sont totalement dépourvues», a déclaré le ministre.

Selon lui, il n’y a aucun doute, le programme du million de logements sera concrétisé dans les délais. La preuve en est que, depuis le début de l’année et jusqu’au 30 septembre dernier, on enregistre 242 886 logements dont la réalisation a déjà été lancée, parmi lesquels 87 502 logements sociaux locatifs, 65 162 logements sociaux participatifs, plus de 88 000 logements ruraux et plus de 1 828 logements promotionnels.

Il convient de rappeler que l’objectif initial était de réaliser 200 000 logements par an, alors qu’actuellement, les prévisions sont de 300 000 logements à la fin de cette année, selon M. Hamimid. Par ailleurs, 344 000 logements étaient déjà en cours de réalisation à la fin de l’année 2004.

La réalisation du programme de un million d’unités d’ici à 2009 portera le parc de logements à 6,9 millions pour 34,2 millions d’habitants, soit un taux d’occupation (TOL) de 5 % contre 5,45 % à la fin de 2004. D’ores et déjà, 50 % des besoins de financement pour la réalisation de ce programme ont fait l’objet de demandes d’autorisations de programme, a précisé M. Hamimid.

Il a ajouté que 555 milliards de dinars seront mobilisés pour ce programme. Le ministre, qui a soutenu qu’entre 1999 et 2004, 810 000 logements ont été réalisés, a précisé que sur le parc de 5,9 millions de logements existants, à la fin de 2004, 850 000 habitations ont plus de 50 ans d’âge.

Dans leurs observations, les membres de la commission nationale de gouvernance ont soulevé le problème des cités dortoirs, livrées sans infrastructures d’accompagnement ainsi que la question liée à la capacité des entreprises nationales du bâtiment à absorber la demande exprimée dans le cadre du programme quinquennal.

M. Hamimid a reconnu que l’Etat a «mal maîtrisé dans le passé l’expansion urbaine». Cependant et tout en insistant sur la nécessité de «réduire la taille des immeubles d’habitations», le ministre a affirmé que cela conduirait à «une surconsommation de l’assiette foncière, ce qui coûtera plus cher».

60 000 unités de transport privé circulent à Alger Le ministre des Transports, M. Mohamed Maghlaoui a, quant à lui, été essentiellement interpellé sur la faible présence dans son secteur des investissements privés. Il a souligné, à ce sujet, qu’il existe actuellement, 60 000 unités de transport appartenant au secteur privé, qui circulent à Alger.

Le ministre a assuré que le gouvernement œuvre à développer l’investissement privé dans les transports et que «dans cinq ans, le paysage dans ce domaine sera totalement transformé». L’autre question qui a préoccupé les membres de la commission est relative à la circulation qui devient de plus en plus difficile à Alger.

Là encore, le ministre s’est voulu rassurant en indiquant que le problème sera réglé d’ici à septembre 2008, à travers les différentes mesures qui seront prises, dont la réalisation de deux tranches de tramways et de 7 téléphériques.

M. Maghlaoui a tenu à préciser, à ce propos, qu’Alger a été conçue pour 800 000 habitants alors qu’elle en abrite 3 millions tout en accueillant 5,5 millions de personnes dans la journée. Interrogé sur les prix élevés des billets d’Air Algérie, notamment sur les lignes intérieures, le ministre a précisé que les prix tels que pratiqués actuellement «ne permettent pas à la compagnie de couvrir la totalité de ses coûts d’exploitation sur les lignes intérieures et l’Etat continue à la subventionner».

M. Maghlaoui a précisé que l’Etat ne peut pas contraindre Air Algérie à baisser ses prix, mais peut lui demander d’acquérir des avions plus appropriés et moins coûteux pour le transport à l’intérieur du pays. «Il ne faut pas s’attendre à ce que les prix baissent ; nous allons vers le maintien des prix actuels», a ajouté le ministre.

S. B.