Des banques d’affaires pour privatiser des grandes entreprises

OUYAHIA REUNIRA BIENTOT LES DIRECTOIRES DES SGP

Des banques d’affaires pour privatiser des grandes entreprises

Le Quotidien d’Oran, 28 décembre 2005

Même s’il ne l’a pas clairement affichée, la stratégie de privatisation des entreprises publiques économiques «version Temmar» se dessine de plus en plus. Et contrairement à ce qu’il n’a cessé d’affirmer depuis 8 mois, le ministre des Participations et de la Promotion des investissements (MPPI) n’inscrit pas le processus de réforme dans la continuité.

En fait, Abdelhamid Temmar rompt avec la démarche de son prédécesseur Yahia Hamlaoui, malgré ses bon résultats (plus d’une centaine d’EPE privatisées en une année), en décidant de recourir à l’assistance des banques d’affaires dans le cadre de l’ouverture de capital des grandes entreprises publiques. Déjà et dès sa nomination comme MPPI, le ministre avait décidé de retirer la gestion de cette catégorie d’entreprises aux sociétés de gestion des participations (SGP). Il a préféré les rattacher directement à son département et confier leur privatisation à une structure appelée «division des grandes entreprises publiques».

Comme le stipule le statut de ce ministère, cette division, gérée par un chef de division assisté par 2 chefs d’études et 3 directeurs d’études, est chargée «d’identifier les grandes EPE pour ensuite analyser leurs indicateurs financiers et économiques avec une étude sur leurs parts de marché sur les plans national et extérieur». Et comme il a déjà été rapporté, ce sera sur la base de ces données qu’une stratégie de privatisation et de partenariat sera élaborée. Les banques d’affaires vont assister le ministère des Participations et de la Promotion des investissements pour l’élaboration, d’abord, de stratégies de privatisation et, ensuite, de cahiers de charge. Le tout sera, évidemment, suivi d’appel d’offres.

Abdelhamid Temmar, pour rappel, avait déjà opté pour cette démarche lors de son premier passage à ce même ministère. C’était dans le cadre du programme d’appui à la privatisation (PAP) initié en coopération avec la Banque mondiale. Une démarche qui a été appliquée, entre autres, pour l’ouverture de capital des cimenteries. Mais l’opération a tout bonnement été annulée car déclarée infructueuse et tout le PAP abandonné. Et ceux qui étaient venus après Temmar au MPPI n’ont plus fait appel aux banques d’affaires. Nos sources ne précisent pas les critères de sélection de ces banques. De même qu’aucune échéance n’a été arrêtée quant à la gestion de toute cette nouvelle démarche.

Rappelons que cela fait environ 8 mois que Temmar a repris le dossier des privatisations. Jusque-là, le Conseil des participations de l’Etat (CPE) ne s’est réuni que rarement. La dernière réunion en date a eu lieu hier, selon une source proche de la chefferie du gouvernement. Au menu et hormis un dossier portant sur la privatisation de trois unités de l’EPE Enajuc, «rien de trop important», nous dit-on. C’est ainsi que le bilan de privatisation ces derniers mois «est bien maigre», constatent opérateurs et experts. En tous les cas, depuis l’ouverture de capital d’Asmidal à une société espagnole et celle ensuite de l’Entreprise nationale des corps gras (ENCG) au groupe algérien Kouninef, aucune autre opération n’a été conclue. Pour rappel, les SGP, à l’époque de Yahia Hamlaoui, étaient tenues de soumettre au CPE un dossier par mois. Une fois remis et peaufinés au ministère délégué chargé des Participations et du Développement de l’investissement, les dossiers sont soumis pour étude au Conseil des participations de l’Etat. L’on s’attend à ce que le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, qui devra réunir incessamment les directoires, «rappelle à l’ordre les SGP», nous indique-t-on. Précisons qu’il devait les réunir jeudi passé. Mais ce fut reporté pour des raisons que l’on ignore.

Ghania Amriout