L’Algérie négocie une augmentation des prix du gaz exporté à travers le gazoduc GME

Le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, l’a déclaré hier

L’Algérie négocie une augmentation des prix du gaz exporté à travers le gazoduc GME

par Safia Berkouk, Le Jeune Indépendant, 13 mars 2007

La question énergétique sera largement discutée entre l’Algérie et l’Espagne à la faveur de la visite du roi Juan Carlos. Au centre des ces discussions, deux sujets en particulier, l’augmentation des prix du gaz algérien exporté vers la péninsule Ibérique et l’autorisation de Sonatrach à avoir directement accès à la commercialisation de son gaz sur le marché espagnol.

Invité hier sur les ondes de la radio Chaîne III, le ministre de l’Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a indiqué que le prix de vente du gaz à travers le gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui dessert l’Espagne (60 % des besoins espagnols) et le Portugal notamment, doit être renégocié.

La négociation «concerne les anciens contrats dans lesquels les prix de vente du gaz de Sonatrach à Gaz Natural sont plus bas que ceux qui sont obtenus par les autres clients desservis dans la péninsule Ibérique». «Nous voudrions ramener ces prix à des niveaux raisonnables qui tiennent compte des augmentations des prix du gaz sur le marché international, tout en tenant compte de l’impact sur le consommateur espagnol», a déclaré le ministre, en précisant que l’augmentation devrait être de l’ordre de un dollar par un million de BTU (unité thermique britannique).

Quel sera l’impact de cette augmentation sur les recettes d’exportation de gaz de l’Algérie ? M. Khelil a expliqué que pour un volume de 3 milliards de mètres cubes de gaz, les revenus sont d’à peu près 500 millions de dollars, donc «s’il y a une augmentation de 25 %, il y aurait à peu près 150 millions de dollars de recettes de plus».

Or, a-t-il ajouté, «nous exportons 12 milliards de mètres cubes à travers le gazoduc Maghreb-Europe, ce qui équivaudrait à un gain de 650 millions de dollars», avant d’estimer «l’écart d’augmentation entre 250 et 300 millions de dollars de plus chaque année pour ramener le prix du gaz à un prix normal».

«C’est ce qui est en train d’être négocié actuellement», a dit Khelil. En 2005, l’Algérie a exporté au total 62 milliards de mètres cubes et prévoit d’en exporter 85 milliards en 2010, en s’ouvrant aux marchés américain et asiatique.

Selon Eurogas (fédération européenne des industriels du gaz européens), la part du gaz algérien dans la consommation globale de l’Union européenne était en 2006 de 10 %, contre 24 % provenant de Russie, 17 % de Norvège et 38 % de production domestique.

Le GME relie Hassi R’mel à l’Espagne via le Maroc et le détroit de Gibraltar. Entré en service en 1996, il dessert aussi le Portugal et d’autres pays européens. L’Algérie exporte annuellement à travers le GME 12 milliards de mètres cubes de gaz vers l’Europe.

90 % du gaz algérien exporté est vendu en Europe à travers également le gazoduc qui relie l’Algérie à l’Italie via la Tunisie. L’autre question cruciale à l’ordre du jour concerne l’accès par Sonatrach à la commercialisation directe du gaz sur le marché espagnol, conditionnée par l’octroi de parts dans le projet Medgaz à la compagnie ibérique Gas Natural.

A ce sujet, M. Khelil a affirmé que lors de la dernière réunion avec les autorités espagnoles, «nous avons accepté de laisser participer Gas Natutral dans le projet Medgaz à hauteur de 10 % (qui sont détenus par Sonatrach actuellement), à condition que Sonatrach obtienne le droit de distribution et de commercialisation du gaz sur le marché espagnol à travers la société qu’elle a créée à cet effet».

La compagnie nationale des hydrocarbures «a demandé une licence de commercialisation et attend l’autorisation de la part des autorités espagnoles», selon le ministre. Il convient de rappeler que Sonatrach détient 36 % de Medgaz, devant les Espagnols Cepsa et Iberdrola (20 % chacune), Endesa et Gaz de France (12 % chacune), après le retrait en décembre 2006 des groupes pétroliers BP et Total.

S’agissant du projet de gazoduc devant relier l’Algérie à l’Espagne, M. Khelil a fait savoir qu’«il va coûter 1,5 milliard de dollars d’investissement et rapporter 1,5 milliard de recettes d’exportation». Tous les tronçons sont pratiquement en voie de finalisation en Algérie et en Espagne, les travaux pour la station de compression de Beni Saf ont démarré avec l’achat des équipements et il ne reste que le tronçon sous-marin qui est «celui qui prendra le moins de temps et qui doit démarrer l’année prochaine pour durer 6 mois», selon l’invité de la radio.

Enfin, interrogé une nouvelle fois sur «l’OPEP du gaz», le ministre a dit que cette question n’est pas prévue dans l’agenda de la prochaine conférence internationale sur l’énergie qui se déroulera à Doha en avril. M. Khelil a déclaré que cette éventualité est improbable, «car dans le secteur du gaz, il est question de contrats à long terme qui sont figés et que nous ne pouvons pas modifier».

De plus, «les prix dans ces contrats sont indexés sur ceux du pétrole et le pétrole a déjà une organisation qui en contrôle la fourniture et les prix». De ce fait, le ministre s’est demandé «à quoi servirait une OPEP du gaz si nous avons déjà une OPEP du pétrole qui, indirectement, définit les prix du gaz».

S. B.


L’espagnol Gas Natural confirme des discussions sur le prix du gaz algérien

par R.E

Le numéro un espagnol du gaz, Gas Natural, a confirmé hier à l’AFP être en négociations avec le géant algérien des hydrocarbures Sonatrach sur le prix du gaz importé depuis l’Algérie. Cette confirmation intervient après l’annonce, hier matin, par le ministre de l’Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, de négociations pour augmenter le prix de vente du gaz algérien à l’Espagne d’un dollar par million de BTU (British Thermal Unit).

«La seule chose que nous puissions dire à ce sujet est que nous sommes en train de négocier la révision du contrat (d’importation de gaz, NDLR) avec la Sonatrach», a déclaré une porte-parole de Gas Natural à l’AFP. «Mais nous ne pouvons rien ajouter à ce sujet en raison d’une clause de confidentialité», a ajouté la représentante.

Actuellement, Gas Natural importe environ 9 milliards de mètres cubes de gaz algérien par an à travers le gazoduc Maghreb-Europe (GME), lequel fournit à l’Espagne près de 60 % de ses besoins en gaz. «L’Algérie négocie la révision du prix de son gaz pour l’aligner sur les prix actuels, a annoncé hier le ministre Khelil.

Il y aura probablement un dollar par million de BTU de plus que ce qui est facturé actuellement.» R. E.