Bouteflika sollicite l’expertise et les capitaux chinois

Développement de l’industrie, de l’agriculture, des nouvelles technologies…

Bouteflika sollicite l’expertise et les capitaux chinois

El Watan, 5 novembre 2006

Le président Abdelaziz Bouteflika n’a pas manqué l’occasion offerte par le sommet sur la coopération sino-africaine, ouvert officiellement hier à Pékin, pour inviter les entreprises et les hommes d’affaires chinois à venir en masse investir en Algérie. Dans une allocution prononcée à l’ouverture de ce forum économique regroupant l’empire du Milieu et les pays du continent noir, le président de la République a d’emblée exhorté les opérateurs économiques chinois à renforcer leur présence en Afrique en général et en Algérie en particulier « à travers l’investissement dans les secteurs productifs ».

Il considère ce sommet entre la Chine et les pays africains comme une réelle opportunité pour explorer les possibilités de créer une véritable synergie entre le dynamisme des firmes chinoises et les potentialités « non négligeables » que recèle le continent africain en matière de développement. Le président Bouteflika, qui a appelé à promouvoir la coopération sud-sud, ne doute pas des capacités des hommes d’affaires chinois qui, selon lui, sont « les mieux placés » pour participer au développement du continent noir, où subsistent encore des problèmes liés à l’emploi, à l’éducation et à la couverture sociale et sanitaire. Relevant la dépendance périlleuse des économies africaines de l’exportation des ressources naturelles, le chef de l’Etat a indiqué que l’Algérie, comme d’autres pays du continent noir, cherche actuellement un « nouveau modèle » économique qui lui permettra de sortir de son indépendance à outrance des hydrocarbures qui constituent plus de 95% de ses exportations.

Nouveau modèle économique

Un « nouveau modèle » qui se basera sur une production industrielle permettant les plus-values nécessaires pour une croissance durable. « La disponibilité de ressources variées et abondantes ainsi que la présence d’une main-d’œuvre qualifiée et compétitive constituent des atouts réels pour la concrétisation de cet objectif », a-t-il précisé. Il compte ainsi sur la pleine contribution des entreprises chinoises pour réussir ce nouveau processus de développement, dont il n’a pas hésité à louer la qualité de leur savoir-faire et la fiabilité de leur technologique. Cette contribution commencera, selon lui, par la garantie d’un transfert de technologies et de capitaux dont l’Algérie a besoin. Il estime que « le développement des flux commerciaux est un objectif inscrit au chapitre des priorités de coopération ». Les relations commerciales doivent cependant s’intégrer dans une perspective plus large pour devenir un facteur de développement et un vecteur de croissance. Le président Bouteflika, qui veut d’un partenariat basé sur une solidarité réelle et un équilibre des intérêts, a relevé les potentialités d’investissement existantes, notamment dans des secteurs tels que l’agriculture, les infrastructures, l’énergie et les nouvelles technologies. Le chef de l’Etat n’a pas manqué d’évoquer les performances économiques réalisées ces dernières années par un grand nombre de pays, dont l’Algérie avec un taux de croissance se maintenant durablement au-dessus de 5%. Il a, par ailleurs, regretté que le continent africain n’ait pas reçu « le soutien souhaité de ses partenaires » au développement. « C’est pour cela que nous fondons de grands espoirs sur une coopération sud-sud dans laquelle le partenariat sino-africain occuperait une place privilégiée, car il donnerait lieu à une coopération fructueuse au bénéfice de chacune des parties », a-t-il indiqué. Notant au passage que les relations économiques entre la Chine et le continent africain ont connu un essor considérable depuis le forum de 2000, le président Bouteflika estime cependant qu’elles se situent encore en deçà des potentialités réelles.

Les engagements de la Chine

Le président chinois est venu au sommet avec un plan d’actions qui contient une série d’engagements de son pays envers le continent africain, notamment en matière d’investissement dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie et des technologies de la communication. La Chine s’est également engagée à soutenir la création par les banques chinoises d’un fonds de développement sino-africain qui financera des projets de nature à créer des emplois. Dans le but de promouvoir les échanges commerciaux sino-africains, l’empire du Milieu s’est engagé à appliquer le tarif zéro pour plus de 190 catégories de produits en provenance d’Afrique ainsi que la création d’une chambre sino-africaine d’industrie et de commerce. Ce plan d’actions devra être intégré dans la Déclaration de Pékin qui sera soumise aujourd’hui à l’approbation des participants à ce sommet qualifié d’« historique ».

M. A. O.


SOMMET CHINE-AFRIQUE

Le message de Bouteflika à l’Occident

L’Expression, 05 novembre 2006

«Le continent n’a pas reçu le soutien souhaité de ses partenaires au développement alors qu’il a besoin d’un accompagnement concret…»

Des mesures concrètes ont été annoncées, hier, par le président chinois, à l’occasion de l’ouverture, hier à Pékin du sommet Chine-Afrique. Hu Jintao s’est engagé, en effet, à doubler l’aide financière accordée par son pays à l’Afrique dans les trois prochaines années, à éponger les dettes des pays pauvres, à travers la mise en place de prêts gouvernementaux à taux zéro et à accorder au continent une série de prêts à taux préférentiels d’un montant de 3 milliards de dollars.
Le président Hu, qui donnait le coup d’envoi du sommet Chine-Afrique prévu sur deux jours à Pékin, a annoncé un doublement de l’aide financière de Pékin et l’octroi de prêts à taux préférentiels d’un montant de 3 milliards de dollars. «La Chine sera toujours le bon ami, le bon partenaire, et le bon frère de l’Afrique», a lancé le président chinois Hu Jintao. C’est donc l’axe Chine-Afrique qui se consolide, estiment les observateurs, qui pensent que l’initiative de Pekin ne serait pas du goût des Etats-Unis et de l’Union européenne qui se retrouvent ainsi court-circuités dans un espace qui leur semblait acquis.
Placé sous le thème Amitié, paix, coopération et développement, le Sommet, en présence de plus de 40 dirigeants africains vise à renforcer les liens politiques et économiques entre le géant asiatique et le continent noir, formidable pourvoyeur d’énergie.
Dans une allocution prononcée à l’ouverture du Sommet, le président de la République, tout en remerciant les hommes d’affaires chinois et africains pour leur présence en force, a insisté sur la nécessité «d’explorer les possibilités de réunir les conditions d’une synergie entre, d’une part, le dynamisme des firmes chinoises et leurs besoins d’expansion et, d’autre part, les potentialités non négligeables que recèle le continent africain en termes de développement».
En s’adressant aux hommes d’affaires chinois, Bouteflika s’est voulu surtout rassurant. Il a tenu à rappeler que le continent africain n’est plus ce qu’il était il y a quelques années. Ainsi, dira-t-il, la bonne gouvernance connaît un élan appréciable à travers de nombreux pays africains. «Les droits de l’homme, la liberté d’expression et encore l’égalité des genres sont des concepts qui prennent progressivement place dans nos législations comme au sein de nos institutions.»
Le suffrage universel est devenu le passage obligé pour l’accession au pouvoir. Les performances économiques réalisées ces dernières années par un grand nombre de nos pays, avec un taux de croissance se maintenant durablement au-dessus de 5%, invitent à l’optimisme.
Elles montrent les efforts consentis pour rétablir les équilibres macroéconomiques, améliorer le climat des investissements, valoriser les potentialités nationales, moderniser les instruments financiers et commerciaux.
D’après le chef de l’Etat, le partenariat entre le continent africain et la Chine est primordial, d’autant plus que l’Afrique n’a, malheureusement, pas reçu le soutien souhaité de ses partenaires au développement. «Le continent africain n’a, malheureusement, pas reçu le soutien souhaité de ses partenaires au développement alors qu’il a besoin d’un accompagnement concret et d’un partenariat effectif basé sur une solidarité réelle et un équilibre des intérêts», indique le chef de l’Etat. Le message est donc on ne peut plus clair à l’égard des pays occidentaux qui font montre de réticence à s’engager dans des projets de développement en Afrique. Désormais, le terrain est aux plus audacieux.

Arezki LOUNI