Enième reddition de Bouteflika

Enième reddition de Bouteflika

Madjid LARIBI , Le Maghrebin, 13 novembre 2006
http://www.hebdo.amd-maghreb.org/index.php?
option=com_content&task=view&id=153&Itemid=27

La scène politique algérienne, « squattée » par Bouteflika donne l’image d’une Algérie en pleine déliquescence. Habituellement, le chef de l’Etat et l’alliance scellée autour de lui – ce qui constitue le pouvoir de façade – informaient, à des degrés divers, sur l’évolution des rapports avec les vrais décideurs – l’occulte pouvoir réel. Mais ces derniers temps, la situation semble plus tendue que de coutume. Le spectacle décrypté au vu des derniers événements tant politiques que sécuritaires et sur fond de scandales financiers scabreux, montrent comment les cercles de décision règlent leurs différends avec des méthodes staliniennes à dater au carbone quatorze.

L’affaire BRC, entre autres, puisque c’est elle qui habille les ténébreuses luttes au sommet du pouvoir, ne peut laisser indifférent à plusieurs titres. D’abord par les sommes colossales extorquées par des généraux aux Algériens, se servant à flots et faisant bénéficier des rapaces du capital international, au moment où des pans entiers de nos concitoyens sont réduits à vivre avec moins d’ un dollar par jour. Puis par les risques qu’ils font encourir à notre pays, à son indépendance, en autorisant des consortiums américano-israéliens, sous le couvert de sociétés écrans algéro- sud- africaines, à fricoter dans des affaires aussi stratégiques que l’armement.

Il est condamnable de s’abaisser au point d’être de simples agents de puissances étrangères, souvent hostiles aux aspirations des Algériens. Pour chercher une protection sur la scène internationale, le DRS leur offre l’armée et le pétrole et l’avenir de l’Algérie avec. Comment se prétendre, dans ce cas, être les dignes héritiers de la révolution algérienne, de Abane et de Ben M’hidi.

Cette affaire sert aussi à (re)caser dans les sphères du pouvoir les politiques de service, pour prendre part au « festin des dinosaures », pour saigner l’économie algérienne et les milliers des travailleurs qui crèvent à attendre les arriérés de salaires impayés. Mais également pour chercher des protections auprès de ceux qu’ils ont servi et qui risquent, pour vendre une devanture démocratique, de mettre fin à leur dégradante collaboration et même de le jeter en pâture lorsque, pour simuler un semblant de transparence, ils les traîneront devant les tribunaux.

Le chef de l’Etat et ses amis du FLN, après avoir tenté de glaner un autre mandat présidentiel et, partant, placer Belkhadem en position de challenger vu la maladie du locataire d’El- Mouradia, ont fini par négocier leur repentance. C’est ainsi que Bouteflika, qui affectionne les tribunes et les discours fleuves, est devenu muet au moment où tout le monde l’attendait sur les suites à donner à la Charte pour la paix et la réconciliation, mais aussi sur la révision constitutionnelle annoncée en grandes fanfares.

A l’ouverture de l’année judiciaire, d’aucuns soulignaient qu’il allait annoncer, devant les magistrats, la date du référendum et convoquer par la même le corps électoral. Un coup d’épée dans l’eau ! Le journal El-watan avait fait part du retrait, à la dernière minute, d’un feuillet du discours du chef de l’Etat et qui concernait justement le referendum pour la révision constitutionnelle. Là s’arrête la révélation du journal, mais le peu qui a été dit renseigne assez sur la décision prise par les décideurs d’évacuer la révision de la loi fondamentale. Et selon des sources fiables, Bouteflika n’a été autorisé à se rendre en Chine qu’après avoir signé sa reddition, lui qui a voulu, a un certain moment, rentrer dans l’Olympe mais les « dieux » lui ont signifié qu’il ne peut être que Sisyphe.

Toute cette gestion opaque des affaires de l’Etat se déroule sur fond de manipulation de la violence. Ce qui permet de déstabiliser le politique et de s’assurer ainsi le contrôle de la situation. Le recours à ,la repression empêche les Algériens de faire de la politique, entrave les syndicats et le mouvement associatif libres dans leurs mouvements de revendications. C’est avec cette violence là qu’il « justifie » l’Etat d’urgence et toutes les lois d’exception qui terrorisent toutes les forces qui aspirent à une Algérie libre et démocratique.

Par ailleurs, nombre d’observateurs n’ont pas manqué de s’interroger ces derniers temps sur la recrudescence des attentats terroristes, à commencer par la porte parole du PT (Parti des Travailleurs), Mme Louiza Hanoun, qui a lié cette violence aux dossiers ouverts par le chef de l’Etat. Un des titres de la presse nationale écrit que : « Le flottement politique, qui dure depuis des semaines, renforce le doute que quelque chose ne tourne pas rond dans le Palais d’Alger.

L’opacité totale qui caractérise le système politique algérien ajoute à ce tableau des touches sombres. Autant que cette brusque et étrange recrudescence des actes de violence dans le centre du pays ». A bon entendeur salut !