Report du débat sur l’amendement du code pénal

Report du débat sur l’amendement du code pénal

Le Quotidien d’Oran, 6 juin 2001

Donné pour être débattu à partir d’hier, le projet de loi portant amendement du code pénal est en fin de compte reporté. La raison avancée par le Sénat est que trois textes sont déjà programmés au débat, ce qui logiquement oblige à reculer celui de Ouyahia. Cependant, d’autres raisons, plutôt politiques celles-là, peuvent avoir influé sur la décision du report, alors qu’initialement un communiqué officiel lu à la radio l’avait annoncé pour le 5 juin.

Des sources avaient auparavant rapporté qu’une réunion aurait été tenue par le groupe parlementaire du tiers présidentiel à cet effet, cependant, des sénateurs de ce groupe nient avoir pris une telle initiative.

Ils n’excluent pas, par ailleurs, cette éventualité vu l’importance du sujet. « Il n’est pas exclu de programmer une réunion de concertation sur ce dossier, en tant que groupe parlementaire, afin de débattre entre nous de tout le projet », nous a confié un sénateur. Car, nous explique-t-il, « les amendements sont autrement plus sensibles et plus importants », signifiant clairement qu’il y va de l’intérêt national. Autrement dit, selon ce sénateur, il s’agit de savoir quel code on veut et dans le cadre de quel projet de société, s’interrogeant sur l’opportunité de ces amendements et le pourquoi du choix précisément de ce moment, parce qu’il s’agit aussi de savoir si le projet de loi Ouyahia est véritablement porteur d’une quelconque solution. Notre interlocuteur s’interroge ainsi après avoir reçu la visite du ministre de la Justice ainsi que les autres groupes siégeant au Conseil de la nation. Implicitement, on y ressent chez lui une solidarité et une volonté de rejet de ce texte, tant il prend clairement parti pour les contestataires du projet, notamment la presse qui continue de se mobiliser et d’entreprendre des actions pour son retrait pur et simple. Cependant, loin de toute démagogie, il fait un reproche amical à la corporation en ce sens qu’elle limite son combat juste au chapitre la concernant, se contentant de rejeter les articles relatifs à la répression de la diffamation. Alors que toute la société, suggère-t-il, est menacée par ce texte, la démarche des journalistes emprunte la voie de la « ghettoisation de la liberté ». De son point de vue, cela est d’autant plus dangereux qu’elle procède de l’exclusion et de la division des composantes de la société algérienne.

Il estime enfin qu’un tel combat est utile à condition qu’il s’inscrive au centre de la problématique de manière à intégrer toutes les facettes de ce code. D’où son soutien implicite à cette bataille qui ne fait, en fait, que commencer. La presse, les mosquées et la faute de gestion sont des problèmes qui concernent tous les Algériens et leur liberté en général. Dans cette optique, mieux vaut être nombreux pour faire front au projet au lieu de tomber dans le jeu des intérêts et de la division, estime-t-on. A moins que la corporation des journalistes ne se sente assez forte pour mener seule et jusqu’au bout la bataille contre tout le texte.

B. D.

 

 

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